L’œil pétillant, sourire aux lèvres et belles boucles blondes : Meryem Benm’Barek est aussi avenante que l’héroïne de son thriller social haletant, Sofia, est mutique et mystérieuse. « On s’identifie souvent à des personnages beaux dont on connaît les codes, reconnaît-elle avec une pointe de dépit. Mais a-t-on vraiment besoin que l’héroïne soit aimable ? C’est aussi pour avoir une vision moins fantasmée des femmes qu’on a besoin de plus de regards féminins dans le cinéma. » Née à Rabat en 1984, Benm’Barek a déménagé à Bruxelles à 5 ans, à La Rochelle pour le lycée puis à Paris après le bac, avant d’avoir l’illumination cinéma. Retour en Belgique pour étudier la réalisation à l’Insas. Son premier long métrage, Prix du scénario à Cannes dans la section Un certain regard, suit une ado sommée de retrouver et d’épouser le père de son bébé sous peine d’être écrouée. « Je voulais que cette réflexion sur la condition féminine soit révélatrice du système de fonctionnement du Maroc. » Un pied à Casablanca, l’autre à Paris, elle prédit l’émergence d’un nouveau cinéma d’auteur marocain d’ici trois ou quatre ans. Ses deux pays peuvent se réjouir d’avoir gagné une cinéaste aussi lucide qu’optimiste.
« Sofia » de Meryem Benm’Barek
Memento Films (1 h 20)
Sortie le 5 septembre