D’autres se succèdent, au rythme trépidant de la musique de Míkis Theodorákis, puis une lettre blanche vient occuper l’écran : Z. On présente souvent le film, à raison, comme un jalon du cinéma politique. Adapté du roman de Vassílis Vassilikós sur l’assassinat, en 1963, du député grec Grigóris Lambrákis, il se veut une critique définitive du totalitarisme. Son tournage en Algérie, indépendante depuis peu, et la présence de nombreux acteurs français reconnus (Jean-Louis Trintignant, Yves Montand, Jacques Perrin, François Périer…) ancrent le film dans l’actualité, tandis que le choix de situer l’histoire dans un pays méditerranéen imaginaire permet de mieux s’en affranchir. La première séquence montre une réunion entre gradés et barbouzes de tout poil qui suivent un exposé sur les ravages du mildiou (un parasite) dans les vignes et les moyens de l’éradiquer – métaphore non voilée du traitement réservé aux éléments perturbateurs de la société. Le montage, d’une vivacité fulgurante, enchaîne les plans décadrés, les zooms courts et les effets de focus sur une moustache, un œil, un bâillement, une montre, dévoilant une galerie de monstres. Le style, faussement documentaire, installe d’emblée le ton satirique et nauséeux du film. L’image se fige au moment où le général de la gendarmerie prend la parole, laissant apparaître ces mots en surimpression : « Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n’est pas le fait du hasard. Elle est VOLONTAIRE. » Deux Oscars et un Golden Globe plus tard, le film gagnait son ticket pour la postérité, éblouissant au passage William Friedkin et Steven Spielberg. Engagez-vous, rengagez-vous, qu’ils disaient.
« Z »
de Costa-Gavras
en DVD « Costa-Gavras. Intégrale vol. 1 / 1965-1983 » (Arte Éditions)