Sur les clichés qui ornent la galerie, beaucoup de paysages nus, des routes désertes, des vignes ensoleillées mais aussi des intérieurs vides ou encore des portes entrouvertes. C’est la deuxième fois que le cinéaste expose ses photographies après sa série Paris-New-York en 2014. Les photos s’offrent comme des plans très composés qu’on aurait figés pour en découper le mouvement : la marche saccadée d’un homme au loin, la course pétaradante d’un scooter, le coucher progressif du soleil. De ces instants fuyants, Cédric Klapisch a su tirer des images mélancoliques nimbées de douceur et d’étrangeté. Le titre de l’expo, Nature humaine, est trompeur : ici, peu de traces de corps ou de visages. Les décors sont désertés mais portent tout de même l’empreinte de l’activité des hommes : des piquets de plastiques plantés dans les terres, du fil de fer qui maintient une rangée de vigne, un mur de pierre qui s’écroule… « Je me suis rendu compte qu’une des raisons pour lesquelles j’ai été séduit par ce paysage, c’est son côté dessiné : il paraît à la fois naturel et très façonné par l’homme », nous a expliqué Klapisch. Ces photos ont aussi servi de support de repérages pour préparer son prochain film, Ce qui nous lie, qui est maintenant tourné et sortira en juin. Le long métrage suit trois jeunes adultes (incarnés par Pio Marmaï, François Civil et Ana Girardot) qui doivent reprendre un domaine familial en Bourgogne. Une histoire de transmission entre générations qui s’incarnera donc dans des paysages à la fois millénaires et sans cesse mouvants.