À Bogota, Silvia, une avocate et mère célibataire, doit faire face à la maladie de sa propre mère, s’occuper de son fils et affronter un scandale de corruption qui la met en cause… Présenté à la Semaine de la critique lors du dernier Festival de Cannes, ce deuxième long métrage du Colombien Franco Lolli (Gente de bien, 2015) scrute de près cette héroïne coriace. À la fois tendre et cruel, le film, qui s’ouvre sur un plan montrant un appareil IRM puis un corps lessivé, joue autant sur notre difficulté à voir la maladie que sur la radicalité des rapports mère-fille – qui s’échangent ici, à coups de dialogues ciselés, pas mal de mots piquants. S’il ne ménage pas le spectateur, le film a quand même la délicatesse de lui faire découvrir, par un lent cheminement, que ces épreuves extérieures cachent une souffrance plus intime, un refus de se laisser aller au bonheur par peur de ne pas le mériter. Résolument féministe, ce récit, qui garde les hommes, les pères, les amants à la périphérie, déconstruit les mythes que l’on associe à la maternité, allant à contre-courant des désaccords intérieurs de la pugnace Silvia. JOSÉPHINE LEROY
Une mère incroyable de Franco Lolli, Ad Vitam (1 h 37), sortie le 19 février
Image: Copyright Ad Vitam