Si l’on évalue le degré d’engagement d’un acteur non pas au nombre de pétitions qu’il signe, mais à ses choix de films et à sa façon de s’investir dans un rôle, alors on n’hésitera pas à qualifier Félix Maritaud d’artiste extrêmement engagé. Sa capacité d’abandon, admirable dans Sauvage (lire notre critique), dans lequel il campe un prostitué en quête d’amour, il la doit à ses études aux Beaux-Arts durant lesquelles il a appris à « utiliser son corps à des fins poétiques et politiques » – un corps encore mis à rude épreuve dans Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez (sorti le 27 juin). Si le cinéma de Bruce LaBruce a contribué à la construction de son « identité queer », ce natif de Nevers ne s’imaginait pas comédien jusqu’à son rôle dans 120 battements par minute (un ami du réalisateur Robin Campillo l’a remarqué alors qu’il était barman). À 25 ans, Maritaud (qui a reçu le prix Valois Adami au dernier festival d’Angoulême) s’assume comme acteur, mais pratique aussi la photo et envisage de réaliser un long métrage inspiré par l’œuvre de Jean Genet, un de ses héros, avec Béatrice Dalle ou David Lynch. Trois incarnations de la liberté, raccord avec celui qui dit aimer « ce qui n’est pas définissable ».
Sauvage de Camille Vidal-Naquet
Pyramide (1 h 39)
Sortie le 29 août