Avec Les Chevaux voyageurs, déjoue admirablement le piège du film-somme réalisé à partir de trente ans de spectacles qui se contenterait de mettre bout à bout les meilleures captations. Lui qui depuis 1985 s’est imposé comme l’artiste le plus emblématique de l’art équestre avec des spectacles mêlant comédie, musique et danse propose ici une œuvre tout aussi composite et passionnante. Son nouveau long métrage, après Mazeppa (1992) ou Chamane (1995), est un voyage intime dans son propre travail, et dans sa relation avec les chevaux. Ce que l’on observe dans son évolution, c’est un chemin vers l’épure et la picturalité. Ses premiers spectacles sont expansifs, outrés, dans une tradition circassienne.
Au fil du temps, Bartabas est plus solennel et minimaliste, il laisse la place à ses décors oniriques. Dans des jeux d’ombres et de lumières, il fait disparaître la frontière entre l’homme et l’animal. Dans la vitesse, leurs gestes se confondent, fusionnent avec grâce dans une même danse. Cet automne et cet hiver, Bartabas poursuit cette échappée dans le nouveau spectacle du Théâtre équestre Zingaro, Le Cabaret de l’exil, au fort d’Aubervilliers. En réaction à l’isolement créé par la pandémie, Bartabas explique avoir voulu revenir à un théâtre plus convivial et chaleureux, dans lequel il explore la culture yiddish et la musique klezmer. Pour une nouvelle fois se réinventer, toujours en lâchant les chevaux.
Les Chevaux voyageurs présenté par Bartabas, projection suivie d’un échange, le 29 novembre à 20 h au mk2 Bibliothèque
Le Cabaret de l’exil, jusqu’au 31 décembre au fort d’Aubervilliers
Photo (c) Antoine Poupel