Muzi, jeune femme secrète et solitaire, revient à Hangzhou, la ville qui l’a vue naître. Son retour – on ne sait pas d’où elle vient – dans cette métropole en pleine mutation la déstabilise, et, au contact de ses proches ou d’inconnus, ses souvenirs s’en mêlent et la font voyager dans le passé… Il n’y a guère besoin d’en savoir davantage sur le récit de The Cloud in Her Room, fait de saynètes au présent et de fragments de la mémoire de Muzi, tant l’objectif du film se situe ailleurs : celui de faire vivre une expérience inédite aux spectateurs.
Si la temporalité est gommée par le noir et blanc – parfois en négatif –, ce n’est pas un simple filtre stylistique de la part de la cinéaste, mais un artifice pour conférer une atmosphère vaporeuse aux images (des routes embrumées aux ensembles urbains bétonnés), rendant le visionnage très apaisant. Tout devient caressant, comme lorsque la réalisatrice filme la nudité de son héroïne avec un naturel assez rare – jusqu’à une étonnante scène montrant des poils pubiens bercés par l’eau d’un bain. C’est que Zheng Lu Xinyuan se montre attentive aux ondulations du corps et aux perturbations de l’esprit, proposant une évasion sensorielle stupéfiante, à tel point que l’on se croirait sur un nuage.
The Cloud in Her Room de Zheng Lu Xinyuan, Norte (1 h 41), sortie le 22 décembre
Image (c) Norte Distribution