L’actrice italienne Monica Vitti est morte

Le ministre italien de la culture, Dario Franceschini, a annoncé ce mercredi 2 février le décès de la comédienne romaine à l’âge de 90 ans.


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En France, on la connaît surtout dans un registre mélancolique. Chez Michelangelo Antonioni, dont elle fut l’égérie et la compagne, elle traîne sa voix rauque et son regard vague. C’est en la découvrant au théâtre – l’actrice sort diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Rome en 1953 -, dans une pièce de Feydeau, que le réalisateur, subjugué par son timbre, de lui faire doubler Dorian Gray dans Le Cri (1957).

« Chronique d’un amour » et « Le Désert rouge » : quand Antonioni filme l’absence à soi

C’est le début d’une longue collaboration, amorcée par L’Avventura en 1960. L’élégance froide de Monica Vitti, sa silhouette évanescente et son mystère se fondent parfaitement dans l’univers de ce film radical, dont l’ambition est de déconstruire la narration classique pour creuser ce qu’Antonioni appellera plus tard son célèbre « néoréalisme intérieur« . Il n’en fallait pas moins pour faire de Monica Vitti une figure de proue de la modernité au cinéma.

L’INCARNATION DE LA MODERNITÉ

Dans La Nuit (1961) et L’Éclipse (1961), où elle donne la réplique à Alain Delon, l’actrice porte, de ses traits inquiets et impassibles, l’angoisse d’un monde hostile, où l’étreinte et le couple sont devenus des impasses. Amoureuse torturée, femme fatale nonchalante, amante délaissée : Monica Vitti construit, à travers ces rôles d’héroïnes en proie à un insondable mal-être, la définition du personnage moderne et antonionien, en crise d’identité. Jusqu’à cette inoubliable prestation dans Le Désert rouge (1964). Dans la peau de l’épouse d’un riche industriel en proie à la dépression, l’actrice traverse les paysages de banlieue industrielle de Ravenne avec une présence spectrale.

Surtout connue en France dans ce registre mélancolique, Monica Vitti était également une grande actrice comique, renommé en Italie. Au tournant des années 1970, elle choisit de renouer avec la commedia dell’arte, en jouant des films à sketches d’Ettore Scola (Drame de la jalousie, 1970), ou encore Dino Risi (Moi, la femme, où elle joue douze rôles, 1971). Monica Vitti avait été distinguée par un Lion d’or en 1995.

Image (c) Carlotta