« Petite Solange » : bleu à l’âme

Avec ce mélodrame versé dans l’expression de sentiments intenses, Axelle Ropert raconte avec délicatesse la manière dont une adolescente assiste à la fin de l’amour entre ses parents. Et touche au cœur grâce à une mise en scène lumineuse.


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Ado pleine d’entrain et de vivacité, Solange (Jade Springer) vit paisiblement à Nantes avec ses parents et son frère aîné. Mais quand la relation entre sa mère (Léa Drucker) et son père (Philippe Katerine) commence à se dégrader et que la désintégration familiale menace, la jeune collégienne éprouve une tristesse qui va se révéler abyssale…

Avec ce quatrième long métrage, l’ancienne critique Axelle Ropert, réalisatrice de La Famille Wolberg, de Tirez la langue, mademoiselle et de La Prunelle de mes yeux, offre un mélodrame narré à hauteur d’adolescente qui renvoie notamment à (dont l’affiche apparaît au détour d’un plan), chef-d’œuvre de Luigi Comencini dans lequel un garçon de 11 ans vivait un deuil déchirant. D’emblée, les parents de Solange parlent lors d’une fête de leurs enfants comme de « mondes à part entière », et le film va effec­tivement se concentrer tout du long sur l’hypersensible monde intérieur de Solange. Pour décrire les effets produits par la séparation parentale sur la jeune fille de 13 ans, Ropert dessine avec délicatesse un environnement visuel lumineux qui se remplit peu à peu de signes annonçant un écroulement à venir.

Axelle Ropert, critique de la méthode

Enthousiasmée par les combats de sa génération (elle fait en classe un fougueux exposé sur Greta Thunberg, vue comme une sauveuse de la planète), Solange se retrouve pourtant assaillie par d’intenses sentiments d’abandon. Un traumatisme d’autant plus fort qu’il se déploie au sein d’un cocon domestique aux apparences protectrices ; les parents de Solange exercent des activités liées à l’art (le père tient un magasin de musique et la mère est comédienne de théâtre), et la fin de leur amour sonne pour l’adolescente comme la trahison d’un idéal d’harmonie.

Le film refuse néanmoins tout regard culpabilisateur sur ses personnages et s’appuie sur une musique poignante de Benjamin 
Esdraffo pour amplifier chaque changement de repère affectif. Dans le rôle-titre, Jade Springer mêle candeur, colère et désillusion, jusqu’à un dernier plan mémorable où le visage de l’héroïne incarne la perte de l’innocence en même temps que le désir exalté de faire face à l’avenir.

Petite Solange d’Axelle Ropert, Haut et Court (1 h 25), sortie le 2 février

Image (c) Haut et Court