Elles sont jeunes et jolies, aussi apprêtées que des poupées de cire, fières de ce qu’elles représentent : un canon de féminité. Elles sont aussi de ferventes évangélistes en croisade contre les « pécheresses » qui osent faire acte d’émancipation. En bande, masquées, elles les agressent dans les rues sombres d’une ville brésilienne, les forçant à faire allégeance au Christ…
La cinéaste accentue les stéréotypes de genre jusqu’à leur paroxysme : obsession de la beauté discrète pour les unes, de la virilité pour les garçons de la congrégation, dans ce qui apparaît comme une géniale illustration du renouveau de l’idéologie traditionaliste. Medusa se veut un vaste détournement pop, questionnant les méthodes de séduction employées par les évangélistes pour attirer la nouvelle génération dans leurs filets.
Car il s’agit bien de séduction, les filles se faisant les sirènes d’un mal aux relents fascistes. L’une d’elles se décentrera progressivement du groupe, fascinée par l’histoire d’immolation punitive d’une « pécheresse » : c’est que, chez Anita Rocha da Silveira, les jeunes filles font toujours des légendes les plus sordides une échappatoire, un moyen de se mettre en danger et, in fine, de mettre en question leur rapport au monde.
Medusa de Anita Rocha da Silveira, Wayna Pitch (2 h 07), sortie le 16 mars
Image : © Wayna Pitch