Qu’ils s’appellent Amina, Sami ou Jennyfer, ils sont le reflet d’une expérience de vie : celle d’avoir 17 ans dans l’une des zones les plus pauvres de France. Loin de freiner leur ambition, cette réalité est un tremplin sur lequel rebondissent leurs rêves de réussite, qui sont aussi des rêves d’ailleurs. Mais voilà qu’un autre rêve toque à leur porte : un gigantesque complexe de loisirs nommé EuropaCity doit en effet s’implanter à Gonesse, tout près de chez eux. À la condition de sacrifier des centaines d’hectares de terres agricoles…
Ni une ni deux, un débat s’engage dans leur classe et, peu à peu, les arguments de l’opposition au projet font mouche : et si, plutôt que de la détruire pour satisfaire notre voracité sans limite, il s’agissait de chérir et préserver la terre ? Jamais en surplomb, le cinéaste accompagne ces jeunes à leur rythme et dans toute la beauté juvénile de leurs questionnements, qui sont autant de déplacements intimes dans leur future appréhension du monde.
De quoi tirer, de leurs rencontres avec politiques et agriculteurs, bien davantage qu’une simple enquête citoyenne : ce que donne à voir Douce France, c’est le désir qui boue dans les cœurs d’une jeunesse qu’on feint d’ignorer. Désir qui n’est rien d’autre que celui de sortir de classe pour se confronter au réel, pour lui donner du sens comme pour y trouver une place de choix.
Douce France de Geoffrey Couanon, Jour2fête (1 h 35), sortie le 16 juin