Ruben (Riz Ahmed) est de ceux qui aiment la musique quand elle est jouée très fort. Batteur dans un groupe de metal, il perd subitement l’audition pendant un concert lors d’une tournée aux États-Unis. Suite à l’altération toute progressive de son ouïe, le médecin lui apprend qu’il va devenir sourd.
Comme attendu, Darius Marder saisit alors, sans sensiblerie maladroite, son déni, ses crises de larmes, les répercussions sur son couple – en focalisation interne, avec un son bas et étouffé pour être au plus près de ce qu’il vit intérieurement, comme en contraste vif avec la saturation, la furie et la moiteur à la Whiplash des concerts du film. Un aspect immersif auquel s’ajoute une teneur plus politique – avec ces scènes où Ruben intègre une association solidaire, combative, de personnes sourdes et malentendantes.
À travers des ateliers, avec des groupes de paroles qui l’épaulent, Ruben trouve alors peu à peu matière à se reconstruire – la plus belle séquence est ainsi celle où il fait découvrir les percussions à des enfants et se rend compte qu’il peut poursuivre la musique autrement. Marder s’interroge alors sur l’altruisme et l’empathie dont doit faire preuve Ruben pour intégrer ce collectif, questionnant sa loyauté et ses valeurs. Le réalisateur insiste sur son hésitation à faire appel à une chirurgie très coûteuse, susceptible de lui rendre partiellement l’audition, ce qui l’écarterait de la communauté. Plus que sur la surdité, Darius Marder réalise un film sur la grande force et parfois les fragilités de ce combat.
Sound of Metal de Darius Marder, Tandem (2 h 02), sortie le 16 juin