LE FILM : CONTE DE QUARTIER
Conte de quartier est une symphonie urbaine qui suit la vie et le bouillonnement d’un coin du 13ème arrondissement de Paris. Plutôt qu’une intrigue linéaire, c’est la circulation d’une poupée, abandonnée de main en main, qui conduit le récit. Film-balade, il brasse des populations que rien ne rassemble, si ce n’est la fréquentation de ce lieu. La prise de vues a exigé deux années de travail à Florence Miailhe qui travaille quasiment seule, et peint directement sous la caméra, laissant ses tableaux se modifier à vue.
« La Traversée » : un bain pictural surréel
La technique est évidemment idéale pour traduire le flot urbain et raconter la mutation brutale d’un quartier. Au milieu de Conte de quartier, une grue vient brutalement dynamiter le décor pour laisser place à la rénovation de la friche du 13ème. Écrit avec l’auteure de roman jeunesse Marie Desplechin, le film fait des observations documentaires du sud de Paris la vitrine d’un arrière-monde mystérieux, palimpseste peuplé de légendes urbaines inquiétantes avec, sous ses eaux, un merveilleux trésor englouti.
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LA RÉALISATRICE : FLORENCE MIAILHE
La Traversée, premier long métrage de Florence Miailhe est un conte, celui du voyage, géographique et intérieur, de deux adolescents. Ce récit d’exil évoque celui des pogroms de l’Europe de l’Est du milieu du XXème siècle tout autant que les tragiques traversées de la Méditerranée aujourd’hui.
La finalisation tardive du projet s’explique par la technique artisanale d’animation de cette plasticienne et graveuse formée aux arts déco. Sa peinture à l’huile sur des couches de vitres excelle à décrire le mouvement, les transformations, et ses huit courts métrages sont faits d’une narration aussi libre et mouvante, empruntant la forme des récits mythologiques ou du conte, s’inspirant des Mille et une nuits.
De Hammam, son premier court réalisé en 1992 – des portraits de corps nus et dansants qui évoquent ses séjours en Algérie – à Méandres – qui, en 2013, proposait une libre adaptation des Métamorphoses d’Ovide –, sa peinture en mouvement faite de repentir et de transformations, offre la vision très charnelle d’un monde onirique.