Principale ville d’un territoire où se cristallise un conflit qui s’éternise, désert culturel propice à la misère sociale… Gaza, c’est tout ça, certes, mais pas seulement. Les jumeaux Arab et Tarzan Nasser (Dégradé, 2016) font de leur cité de naissance le théâtre d’un récit drôle, romantique et politique au centre duquel se trouve Issa, un pêcheur têtu (sorte de Jean-Pierre Bacri gazaoui) secrètement amoureux de Siham, une discrète et modeste couturière. Malgré de timides tentatives, le sexagénaire ne parvient pas à lui déclarer sa flamme. Mais, ce qui chamboule sa vie, c’est la découverte d’une statue antique d’Apollon.
Temps pluvieux, solitude, bruit des roquettes israéliennes qui s’insinue en arrière-fond… Si au départ tout semble gris, les deux cinéastes détricotent délicatement le programme morne qui ouvre leur film. Tout en jouant sur la possibilité ou non d’une telle romance, ils s’amusent avec tendresse de leur héros maladroit qui, derrière sa propension à râler, se révèle être un grand enfant idéaliste. À mesure que le film avance, il tangue d’ailleurs de plus en plus entre fantasme et réalité. Une manière de rappeler que, si elle évoque tout de suite une zone de guerre, Gaza peut aussi inspirer de grands et beaux rêves.
Gaza mon amour d’Arab et Tarzan Nasser, Dulac (1 h 28), sortie le 6 octobre
Image : Copyright Sophie Dulac Distribution