ARCHIVE – Quand Catherine Deneuve parle du « Dernier métro » et se confie sur l’image froide qu’elle renvoie

France 5 diffuse ce lundi 5 avril, « Le Dernier métro », un des derniers films de François Truffaut


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En 1980,  présente Le Dernier métro, récit mélodramatique poignant qui fait se télescoper réflexions sur le théâtre et le cinéma, et qui repartira avec pas moins de 10 César un an plus tard, à la 6e cérémonie. Depuis longtemps déjà, le réalisateur avait à cœur de réaliser un film sur l’Occupation, comme le rapportera à plusieurs reprises Catherine Deneuve. C’est elle que le cinéaste de la Nouvelle Vague a choisi pour incarner Marion Steiner, l’épouse d’un directeur de théâtre juif faisant croire à tout le monde qu’il est parti hors de Paris alors qu’il se cache au sous-sol. Contre toute attente, Marion tombe sous le charme de Bernard Granger (Gérard Depardieu), jeune premier de la troupe…

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Venue promouvoir sur un plateau télé le film lors de sa sortie en salles, Catherine Deneuve, qui a conservé le look rétro et élégant de son personnage comme pour ne pas en sortir, s’est confiée sur les liens que l’on peut tisser entre cette héroïne double, complexe, et sa propre personne. Après la diffusion d’un extrait – une séquence magistrale dans laquelle Truffaut filme au plus près les mouvements de fuite et d’attraction des deux amants, comme aimantés par leur désir interdit –, le journaliste lui demande, en écho aux dialogues de la scène, s’il n’y aurait pas deux femmes en elle. Balayant cette question un peu creuse, l’actrice lui rétorque : « Oui, je pense qu’il y a deux femmes en moi, mais comme toutes les femmes. Peut-être un peu plus chez les actrices. »

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Le passage le plus intéressant arrive peu après, lorsque le journaliste évoque une autre scène dans laquelle une femme de la troupe de théâtre, se plaignant de la froideur et de la dureté de Marion à son égard, éclate en sanglots. L’occasion est trop belle pour l’intervieweur, qui trouve matière à dresser un parallèle entre ce portrait du personnage et l’image publique que Deneuve renvoie depuis ses débuts, celle d’une actrice impassible et distante. Réaction de Deneuve : « Je crois que je ne le suis pas. Mais comme tous les gens qui sont un peu réservés – ce qui est souvent difficilement compatible avec le métier que je fais –, disons que j’ai du mal à montrer ce que je voudrais montrer sans trop le montrer. Je suis réservée de nature et par moments ça peut prendre un visage peut-être à la limite antipathique, c’est vrai (…). Je suis très frappée que vous ayez noté cette phrase parce que pour moi c’est une des phrases les plus dures. » L’échange se poursuit, Catherine Deneuve excuse l’attitude de Marion, expliquant que c’est parce qu’elle croule sous les responsabilités qu’elle ne trouve pas le temps de se confronter aux gens. A observer le regard profond et ému de l’actrice, on ne peut s’empêcher d’y lire en creux un autoportrait autant qu’une autojustification, et revoir sous ce jour Le Dernier métro a quelque chose d’encore plus touchant.

Image : (c) Capture d’écran Youtube