Marie Rouge, photographe

Cette semaine, on vous présente une jeune photographe au style aussi intense que son patronyme.


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GEn.A : c’est la génération engagée qui invente le monde d’après. Chaque semaine, Trois Couleurs part à sa rencontre pour tirer le portrait de jeunes artistes résistant.e.s, passionnant.e.s, exalté.e.s. Cette semaine, on parle avec Marie Rouge, photographe de 29 ans.

Chez Marie Rouge, tout est affaire d’équilibre et de dosage. Entre les couleurs chamarrées et la douceur de ses portraits, entre sa timidité naturelle et son look rétro flamboyant. Enfant sauvage élevée dans la rase campagne de Basse-Normandie, elle a gouté, après le bac, aux Beaux-Arts de Rennes puis à la fac d’Arts Plastiques de Montpellier sans parvenir à prendre son plein essor. C’est à Paris qu’elle a trouvé son nid, bossant d’abord sur de la retouche photo pour des institutions comme la Réunion des Musées Nationaux ou le Musée de l’Armée le jour, sillonnant les soirées LGBTQ+ la nuit avec son appareil photo. On a découvert son regard doux, quasi amoureux sur les femmes et les communautés en marge, à travers ses photos des soirées lesbiennes Wet For Me, ses couvertures du magazine Well Well Well et ses reportages de manifs féministes et queers.

On a la joie de collaborer avec elle depuis 2020 (le shooting « sorcière » pour notre couv Béatrice Dalle, c’est elle), et elle sème son style plein de paillettes et de couleurs qui claquent ailleurs dans la presse (Libération, Télérama, Causette, Grazia) et dans la mode (Chanel, LVMH). En ce moment, des oeuvres de cet oiseau de nuit bardé de tatouages sont visibles dans le cadre de l’exposition Femmes en regard dans la boutique Guerlain, avenue des Champs-Elysées, jusqu’en septembre, et le sera à Rennes en juillet dans la galerie La Chambrée au côté de la photographe Laurence Philomene, qui magnifie les personnes non-binaires avec des couleurs encore plus vives et un style plus tranchant que ceux de Marie Rouge. Un beau mariage en perspective.

LE DÉCLIC : « J’ai grandi à la campagne et devenant ado, je me suis un peu lassée de faire des cabanes un peu partout autour de la maison. Mon père avait un appareil photo et me l’a gentiment prêté. C’est ainsi que j’ai commencé à courir après les papillons pour les photographier, puis à faire de l’autoportrait et, pour finir, par me tourner vers les autres. La photographie est devenue une excuse pour faire des rencontres incroyables et découvrir des univers auxquels je n’aurais jamais eu accès. »

LE FILM QUI L’INSPIRE : « Difficile de choisir parmi la multitude de films adorés… Alors, pas forcément celui que je regarderais tous les quatre matins, mais de loin le plus trash et fou : Wetlands de David Wnendt, découvert à l’Etrange Festival il y a quelques années. Je ne vous en dis pas plus, si vous ne l’avez pas vu et que vous avez le cœur bien accroché, foncez ! »

Son Instagram : @lesjouesrouges

Portrait : © Dorian Prost