GEn.A : c’est la génération engagée qui invente le monde d’après. Chaque semaine, Trois Couleurs part à sa rencontre pour tirer le portrait de jeunes artistes résistant.e.s, passionnant.e.s, exalté.e.s. Aujourd’hui, rencontre avec Simon Johannin, romancier et poète, 27 ans.
« L’écriture permet cette circulation, c’est ma manière de dire, mon chemin d’évolution. »
La dégaine comme sur une photo prise par Larry Clark, le poète et romancier sait manier une langue aussi crue que ciselée et délicate. Quelque part entre Jean Genet, pour la solennité avec laquelle il regarde les marges, et les cinéastes Caroline Poggi et Jonathan Vinel, pour son romantisme sombre, l’auteur décrit l’ennui rural d’une bande d’ados dans son roman L’été des charognes (éditions Allia, 2019), ou l’effervescence festive et la précarité à Paris dans Nino dans la nuit (éditions Allia, 2020), co-écrit avec sa compagne Capucine Johannin. On aimerait bien voir ce que son écriture très imagée et sensorielle donnerait au cinéma, lui qui l’a étudié à Montpellier – il vit aujourd’hui à Ivry, où il concilie activités littéraires et mannequinat. En attendant, on peut lire son premier recueil de poèmes, le très beau Nous sommes maintenant nos êtres chers, paru en octobre 2020.
LE DÉCLIC
« Le déclic c’est l’expérience, la rencontre avec un corps, une identité, un évènement ou un paysage que sais-je, mais la rencontre, le frôlement aussi bien que la collision. C’est la sensation, l’émotion provoquée par cette rencontre qui me pousse et fait naître la nécessité d’écrire. Sans cela, il y a surchauffe de la machine, le cœur et l’esprit s’emballent dans une boucle d’alarme et les choses restent en moi au lieu d’y circuler comme elles doivent le faire pour que d’autres choses nouvelles puissent advenir. L’écriture permet cette circulation, c’est ma manière de dire, mon chemin d’évolution. Je pense qu’avoir vécu dans l’enfance, à un âge où le langage n’est pas maîtrisé, des événements dépassant les mots m’a poussé à vouloir créer des langues propres aux histoires que je souhaite raconter. Mais plus simplement pour moi, la source de toute écriture c’est simplement la vie, et l’expérience que j’en fais. »
LE FILM QUI L’INSPIRE
« The Beach Bum d’Harmony Korine (2019), parce qu’il me fait du bien, par sa poésie, et parce que j’y vois clairement la projection d’un de mes futurs potentiels, donc ça me rassure. »
Son Instagram : simonjohannin