Jean-François Stévenin est décédé

L’acteur et réalisateur est mort ce 27 juillet à l’âge de 77 ans, a annoncé sa famille à l’AFP.


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Visage à la fois familier et discret du cinéma français, Jean-François Stévenin était de ces acteurs qui brillait dans les seconds rôles. Fait trop peu connu : il fut aussi le réalisateur de trois films singuliers qui ont marqué les esprits (Le Passe-montagne, Double messieurs et Mischka), tous traversés par l’idée d’échappée, de détours et retournements poétiques.  

Des thèmes qui font écho au parcours de cet ancien étudiant d’HEC né dans le Jura qui, passionné par le cinéma, a choisi de se rendre sur un tournage à Cuba afin d’enrichir sa thèse sur l’économie du 7e art. De fil en aiguille, le jeune thésard met la main à la pâte et occupe plusieurs postes techniques. C’est ainsi qu’il devient le deuxième assistant d’Alain Cavalier pour son film La Chamade, en 1968.

Parallèlement à sa carrière d’assistant-réalisateur (fonction qu’il exercera dix ans aux côtés de Jacques Rivette ou Peter Fleischmann), ce cinéphile curieux au troublant regard bleu passe à partir de la fin des années 1960 devant la caméra, enchaînant les petits rôles (chez Truffaut dans L’Enfant sauvage, Domicile conjugal puis La Nuit américaine) ou Jacques Rivette (Out 1).  «Pendant dix ans, j’étais assistant, je n’avais jamais pensé à jouer. […] Et dans Out 1 de Jacques Rivette, où Juliet Berto avait dit : «C’est drôle, l’assistant ressemble à Brando, pourquoi il ne jouerait pas Marlon ? La scène a été gardée au montage», avait-il confié en 2000 à Libération.

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Son premier rôle important date de 1975, avec L’ Argent de poche de Truffaut, dans lequel il joue un professeur. Dans une tirade inoubliable, son personnage s’exclame devant ses élèves : « Le monde n’est pas juste et il ne le sera jamais mais il faut lutter pour qu’il y ait davantage de justice […]. Les politiciens, les gens qui nous gouvernent commencent toujours leurs discours en disant : ‘Le gouvernement ne cédera pas à la menace’, mais en réalité c’est le contraire, il cède toujours à la menace […]. Depuis quelques années, les adultes ont compris et ils obtiennent dans la rue ce qu’on leur refuse dans les bureaux. »

A partir des années 1980 puis 1990, on voit aussi bien Stévenin chez Jean-Luc Godard (Passion), Catherine Breillat (36 Fillette), Bertrand Blier (Notre histoire), Jean-Pierre Mocky (Noir comme le souvenir) et bien d’autres cinéastes (Alexandre Arcady, Eric Rochant, Patrice Leconte…).

En 2018, Agnès Varda lui avait remis un prix Jean-Vigo d’honneur, récompensant « l’indépendance d’esprit, la qualité et l’originalité ».

On le verra à titre posthume dans Illusions perdues de Xavier Giannoli, présenté en septembre à la .