Vu au FIFIB : « Virée sèche », l’after speedé et déshydraté de Théo Laglisse

Théo Laglisse propose un trip aussi halluciné qu’inquiet avec son renversant court métrage « Virée sèche », en Compétition courts métrages au FIFIB.


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Il y a très peu de films qui savent saisir ce vertige de l’after, quand les rayons du soleil percent et agressent alors que tous les effets de distorsion de la fête sont encore présents. Virée sèche est de ceux-là, et c’est sûrement l’un des plus prodigieux. De manière très immersive, le court métrage nous fait vivre le bouleversement sensoriel de Jordane, qui après une nuit blanche dans Marseille rentre chez elle défoncée. Sa petite sœur l’attend, et l’eau est coupée. Commence alors pour les deux sœurs une course frénétique à travers la ville dans l’espoir de s’abreuver alors que tout autour d’elle semble s’assécher, voire brûler de toutes parts.

Filmant à l’iPhone, le cinéaste reste au plus près des corps, de leurs secousses et de leur transe, altérant l’image, la faisant littéralement convulser dans un maelstrom de couleurs sursaturées, de flashs aveuglants et de gabber furieux. On pense alors au film techno par excellence, Cours Lola cours (1999) de Tom Tykwer qui lui aussi proposait cette expérience tachycardiaque à travers le sprint survolté de l’héroïne dans Berlin.

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Mais Virée sèche ne cherche pas juste à retranscrire l’expérience de la descente sous psychotropes. La belle idée de Théo Laglisse est de changer de point de vue en cours de film, de la subjectivité de Jordane on rentre soudain dans celle de sa petite sœur, plongée malgré elle dans un after dantesque – et si elle n’a pas pris de drogue, le dérèglement de la mise en scène ne se calme pas pour autant. À travers elle, le cinéaste percute en incarnant tout l’affolement et le sentiment d’urgence d’une génération précipitée dans la crise climatique, et qui tente sans succès d’alerter ses aînés.