Tournant sur trois étés, de 2019 à 2021, à Arles, à Étretat, puis à Ibiza, les cinéastes ont observé un groupe d’amis dans tous ses tremblements. Léna arrive à Arles, où elle doit retrouver un garçon rencontré un été passé, Marius. Mais elle passe plus du temps avec Maurice, boulanger saisonnier, et son ami Ali, qui joue au gladiateur pour les touristes. Avant que Marius revienne dans le jeu…
Ensuite, c’est un peu le tourbillon de la vie à la Jules et Jim : l’amour vogue, de nouvelles personnes entrent dans la ronde. Les cinéastes filment la bande comme un espace toujours mouvant, un cocon aussi bien qu’un lieu de crispation – à Étretat, un personnage s’exclut de lui-même et ne reviendra pas ensuite à Ibiza, et ce départ apparaît aussi juste que déchirant. Au fil des étés, on voit les membres du petit cercle changer physiquement, avancer.
La forme suit ces évolutions avec une grande sensibilité : la netteté et la qualité de l’image s’intensifie à mesure que les liens d’amitié se renforcent et que les émotions deviennent plus vives. Le film émeut alors par sa liberté, ses flottements, lorsque le naturalisme glisse vers un lyrisme enflammé, laissant les sentiments s’emporter sans retenue en chansons.
Mourir à Ibiza (Un film en trois étés) d’Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon, Shellac (1 h 47), sortie le 7 décembre
Image (c) Shellac Distribution