La fiction de Jimmy Laporal-Trésor sidère par le contraste entre la subtilité de ses personnages et de son scénario et sa mise en scène musclée et frontale. Elle nous fait revenir aux premières guerres de territoire dans la banlieue parisienne en 1984. Une année pas anodine, où surgît une nouvelle espèce de skinheads politisés, ultra violents, déterminés à prendre le contrôle de la ville au moment-même où le FN faisait son premier score important aux élections européennes…
Ce sont eux que les héros du film, le gang métissé des Rascals, va bientôt affronter. Ça commence comme un film de bandes à la West Side Story, puis culmine en une étude sociologique ciselée sur ce moment où la violence explose et où une frange de l’extrême droite va irriguer aussi bien la fac d’Assas que certains commissariats.
Tout en peaufinant chaque détail de cette reconstitution du Paris des années 1980, le réalisateur contourne brillamment tous les pièges du film-dossier, évite tout manichéisme. Incarnés par d’épatants comédiens débutants, les personnages ont chacun leur chance, depuis la tête brulée des Rascals jusqu’à l‘étudiante qui va frayer avec des fascistes. Comme Outsiders de Francis Ford Coppola (1983), Les Rascals conte la fin de l’innocence avec une grande charge romanesque, doublé d’une dimension documentaire explosive.
: Les Rascals de Jimmy Laporal-Trésor (1h45), sortie le 11 janvier