« La syndicaliste » de Jean-Paul Salomé : les coulisses du nucléaire

Dressant, sur fond de luttes de pouvoir, le portrait d’une syndicaliste d’Areva qui se retrouve esseulée après avoir subi une agression sexuelle, Jean-Paul Salomé réussit un thriller politique original, emmené par une Isabelle Huppert des grands jours.


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Trois ans après la comédie policière La Daronne, Jean-Paul Salomé retrouve Isabelle Huppert pour un thriller plus dramatique tiré de faits réels – et d’un livre de la journaliste Caroline Michel-Aguirre. Soit l’histoire de Maureen Kearney, influente déléguée syndicale chez Areva, qui dénonça en 2012 des secrets d’État dans le but de défendre des milliers d’emplois… avant d’être brutalement agressée chez elle en guise de représailles. La réussite du film tient à son immersion dans les coulisses d’une industrie (le nucléaire français) rongée par d’intenses luttes politiques (Marina Foïs joue Anne Lauvergeon, ancienne directrice d’Areva, proche de la gauche, tandis qu’Yvan Attal incarne Luc Oursel, son successeur, proche de la droite).

Son héroïne, Maureen Kearney, syndicaliste intrépide qui tient tête aux hommes de pouvoir puis doit prouver à des gendarmes dubitatifs la réalité de l’agression sexuelle qu’elle a subie, rappelle celle de L’Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol, dans lequel la déjà excellente Isabelle Huppert s’inspirait de la juge Eva Joly. Entre description de la perte de l’indépendance énergétique française et réflexion sur la violence économique, La Syndicaliste fait mouche.

La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé, Le Pacte (2 h 02), sortie le 1er mars

images (c) Guy Ferrandis – Le Bureau Films