« The Whale » de Darren Aronofsky : plein la vue

« The Whale » (« la baleine »). Sous ce titre ironique et majestueux, Darren Aronofsky filme un chemin de croix pas comme les autres : celui d’un homme de 270 kilos au seuil de sa vie. Mais aussi celui de Brendan Fraser, son interprète, star déchue de « La Momie » (1999) à qui le cinéaste offre sa résurrection.


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Film-miroir de The Wrestler, sacré Lion d’or en 2008 et à qui il emprunte sa logique rédemptrice sur fond de blessure familiale, The Whale n’en diffère qu’à un niveau : celui du corps. À la musculature d’un Mickey Rourke vieillissant, Aronofsky oppose ainsi le spectacle de Charlie, un homme englouti par son propre poids qui tente de renouer avec sa fille. Et le film de détourner ces fameuses « performances » dont Hollywood s’est fait la spécialité, en récompensant ses acteurs en proportion de leurs séances de fitness ou bien des lasagnes qu’ils auront englouti.

« Vous voulez du spectacle ? », demande Aronofsky avec une pointe de sadisme. En voilà un gros ; si gros qu’il dévore le film, qu’il le contraint à un format carré et un huis clos dans un salon où s’enchaînent les visites de convalescence. Si gros qu’il empêche chaque mouvement, chaque expression ; dès que Charlie tente un rire, il manque de s’étouffer. Le spectacle de l’obésité, dans un pays qui compte tant de malades et si peu d’accès aux soins, n’en devient que plus monstrueux, plus pathétique mais aussi plus bouleversant. Belle idée que d’avoir ainsi offert ce « rôle à Oscars » à Brendan Fraser, un acteur (exceptionnel) lui-même rendu malade par Hollywood, comme un astucieux retournement de stigmate : ironie, quand tu nous tiens.