Il y a deux façons d’appréhender John Wick : chapitre 4, nouvel opus d’une saga pétaradante dans lequel l’assassin virtuose éponyme (Keanu Reeves, délicieusement monolithique) tente de couper les liens mortifères qui le relient à une organisation criminelle secrète, La Grande Table. On peut apprécier le film de Chad Stahelski comme un blockbuster d’action bas du front et brut de décoffrage, d’une violence peu commune dans l’Hollywood contemporain, où l’infatigable John Wick affronte des nuées d’adversaires.
Mais on peut aussi considérer ce film comme une œuvre concept dans laquelle le cinéaste, ancienne doublure de Keanu Reeves sur les Matrix, célèbre ce qu’est fondamentalement le cinéma, à savoir l’art du mouvement. Fan de Buster Keaton et exégète du ballet, Stahelski axe chaque séquence de combat autour d’un tempo spécifique avec une précision chorégraphique qui confine, parfois, à l’absurde. Le réalisme n’est jamais une préoccupation ici, seul compte le déplacement des belligérants dans l’espace, la « beauté du geste » en quelque sorte. Ces variations sur le même thème (un homme contre le monde) sont permises par l’abnégation exceptionnelle de sa star, mais aussi par un scénario prétexte qui prend, paradoxalement, un peu trop de place dans cet opus qui tire en longueur.
FOCUS: Keanu Reeves, acteur phoenix de « John Wick. Parabellum »
Qu’importe : une séquence d’affrontement au milieu du trafic de la place de l’Étoile, puis sur les escaliers montmartrois et l’arrivée dans la saga du fabuleux artiste martial Donnie Yen offrent des instants de virtuosité kinésiques exaltants. À sa façon, John Wick : chapitre 4 est, dans ses meilleurs moments, un concentré de pur cinéma d’une générosité indéniable et d’une inventivité souvent époustouflante.
John Wick : chapitre 4, sortie le 22 mars 2023
