DIVINE GANG · Gregg Araki : « « The Doom Generation » parle aux kids de manière très puissante. »

DIVINE GANG, c’est notre nouvelle rubrique pour projeter les visions féroces, trash, camp, DIY, excessives, ou romantiques, à l’image de la plus incendiaire des drag queen : Divine, l’icône du cinéma de John Waters. Pour lancer les festivités : notre entretien avec le daddy queer ultime Gregg Araki, après la présentation à Sundance de la version restaurée de son culte « The Doom Generation».


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Pour inaugurer DIVINE GANG, un parrain de choix, le daddy queer ultime, Gregg Araki. En janvier dernier, le cinéaste a projeté à Sundance la version restaurée de son culte The Doom Generation (1995) – ou la folle cavale de Jordan (James Duval), un fan de Nine Inch Nails, de sa copine Amy (Rose Mc Gowan) fumeuse irascible, et de leur crush mystérieux, Xavier (Johnathon Schaech), qui provoque l’ire de tous les tarés conservateurs qu’ils croisent. On s’entretient avec le réalisateur sur cette période furieuse, celle du New Queer Cinema du début des années 1990 et de sa Teen Apocalypse Trilogy (Totally Fucked Up, The Doom Generation et Nowhere). À 63 ans, il nous parle aussi de ce qui reste de l’esprit queercore. Par Quentin Grosset.

En quoi a consisté le travail de restauration pour The Doom Generation ?

C’était très excitant, parce que je n’avais pas revu le film depuis 10-15 ans. J’avais oublié des parties entières du film ! Ce qui est passionnant, c’est qu’avec la nouvelle technologie, l’étalonnage et le mixage son font lui donnent l’allure d’un nouveau film. Il a encore plus d’impact maintenant. On a aussi pu restaurer quelques moments clés qui ont été censurés aux Etats-Unis au moment de la sortie.

En plus de ce director’s cut, il existe deux autres versions du film. Qu’est-ce qui change entre les trois ? Et laquelle avait-t-on vu en France en 1995 ?

Cette version est l’originale, celle qui a été projetée à Sundance il y a 28 ans. Le film avait légèrement été censuré en Amérique, à cause des distributeurs. Et il y a encore une autre version qu’on trouve parfois en ligne, que je désapprouve totalement, classée « R » [les mineurs devaient être accompagnés d’un adulte pour le voir, ndlr] et coupée par Blockbuster video [une chaîne de locations de VHS, ndlr.] Elle est complètement pourrie, ça n’a aucun sens car le film est amputé d’au moins vingt minutes. Je serais content que la restauration 4K la fasse disparaître à jamais. En France, il me semble que vous avez vu la même version qu’aux États-Unis – c’est fondamentalement la même que le montage qu’on vient de réaliser, à laquelle il manque non pas des séquences entières mais quelques moments, en particulier dans la dernière bobine, celle du climax. Ça a à voir avec l’intensité de cette scène [dans cette scène très violente, des néo-nazis coupent le pénis d’un des trois héros, Jordan, avec une cisaille, ndlr].

The Doom Generation a cette tagline : « Un film hétérosexuel de Gregg Araki » – ce qui bien sûr est ironique vu le contenu très queer du film.

C’était une sorte de private joke, un sarcasme. Ça faisait un clin d’œil au premier film de la Teen Apocalypse Trilogy, Totally Fucked Up, qui lui commençait par « Another homo movie by Gregg Araki. » Et il y avait aussi un producteur qui m’avait lancé un défi quand j’écrivais The Doom Generation. Il m’avait dit « Tu fais des films gays qui offensent les gays, parce qu’ils les trouvent trop punk. Alors si un jour tu fais un film hétéro, je te produis. » Et donc je l’ai pris au mot. Mais c’est le film hétéro le plus bizarre qui soit, comme un cheval de Troie qui cache bien son contenu queer et subversif.

Un tremblement de terre a touché le quartier de Northridge à Los Angeles, où vous tourniez en 1994. Comment ça vous a impacté ?

C’était mon premier grand film en 35mm tourné avec une équipe complète. Je n’avais pas l’habitude de travailler avec un directeur photo, un chef déco. C’était différent et très excitant, je pouvais d’autant plus affirmer ma vision du monde. Mais ça a été chaotique et fou. Le tournage de The Doom Generation semblait maudit. Le deuxième jour, le tremblement de terre de Northridge a carrément détruit tout notre décor, et les répliques nous noyaient constamment dans un grand nuage de poussière. Et dès le premier jour, il y a eu un accident de laboratoire avec le négatif, on a perdu toutes les images qu’on avait tournées, on a dû tout refaire. C’était un tournage très difficile, on travaillait beaucoup la nuit, il faisait très froid. C’était une période folle.

Le film désoriente par l’impression qu’il donne de profusion, d’abondance dans les décors. Comment avez-vous imaginé cette géographie hallucinée ?

On a tout tourné à Los Angeles, mais dans l’idée, c’est un road movie qui traverse toute l’Amérique. On a choisi les décors parce qu’ils portaient quelque chose de surréaliste, donnaient l’impression d’être dans un cauchemar chaotique et fou. J’étais très influencé par David Lynch, qui travaille aussi sur cette indécision entre l’éveil et le rêve. La chambre rouge, la chambre à carreaux, toutes les chambres de motels par lesquelles les héros passent sont très stylisées et exacerbées pour que le film ressemble à un rêve fiévreux. L’acmé, c’est la scène de fin qui est vraiment cauchemardesque. Elle s’inspire d’un fait divers qui s’est réellement passé quand j’étais au lycée, près de ma ville natale, Santa Barbara. Ça m’avait beaucoup marqué.

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Le petit ami de Rose McGowan s’est fait assassiner juste avant le tournage. Vous pensez que cet évènement tragique a eu un effet sur son rôle d’Amy Blue, sa colère, sa force ?

Rose a toujours eu une personnalité très forte… Quand j’y repense, le tournage de The Doom Generation a été une expérience très intense pour tout le monde. J’ai découvert quelques années plus tard, en fait très récemment, que Johnathon Schaech [qui joue Xavier, ndlr] avait été agressé sexuellement sur le plateau du film dans lequel il avait joué juste avant [à la suite de #MeToo, en 2018, il a déclaré avoir été abusé sexuellement par le réalisateur Franco Zeffireli sur son film Sparrow, sorti en 1994, ndlr]. Il en parlé dans la presse à la suite de #MeToo. James Duval traversait aussi une période difficile. Donc tout le monde était sur la brèche. Rose, Jimmy, et Johnathon étaient très proches, ils ont beaucoup traîné ensemble. C’est ce qui a créé la dynamique du film.

À votre avis, qu’est-ce que la génération d’ados d’aujourd’hui partage avec Amy, Jordan et Xavier de The Doom Generation ?

C’est intéressant parce qu’à Sundance, pour la projection de la version restaurée, je m’attendais à ce que le public soit composé de fans de la première heure, de gens qui voulaient juste revoir le film. Avant la projo, j’ai demandé au public combien de personnes l’avaient déjà vu. Finalement, 85% de l’audience ne me connaissait pas, une bonne partie était très jeune, voire n’était même pas née au moment de sa sortie en 1995. Et tous étaient à fond dedans, ça les a vraiment touchés ! Je pense que, si le film résonne encore, c’est parce qu’il parle de se sentir outsider, de faire son propre chemin dans un monde hostile. J’ai l’impression que The Doom Generation parle aux kids de manière très puissante.

Dans The Doom Generation, Jordan et Amy regardent My Degeneration (1989), le film DIY du très punk Jon Moritsugu. Que représente ce cinéaste pour vous ?

Jon et moi venons du même monde. Je suis fan de ses films, c’est un de mes amis. Pour le film, j’avais juste besoin d’un film que les personnages regardent à la télé, et comme la productrice Andrea Sperling avaient déjà travaillé avec lui [elle a produit Mod Fuck Explosion, ndlr], on a choisi l’un des siens. Jon est très punk et subversif, mais pas seulement. Je veux dire, son cinéma n’est pas seulement complètement nihiliste, en colère, il est aussi vraiment hilarant. Et, ça, ça nous lie définitivement.

Vos films étaient plus queer que gay, au sens où ils attaquaient la société américaine straight, homophobe et sérophobe du début des années 1990, tout en critiquant l’uniformisation de la culture gay bourgeoise et assimilationniste. Comment c’était, d’occuper cette position politique ?

C’était un peu difficile. Certains hommes gays étaient scandalisés. Quand The Living End [sur deux amants gays et séropos qui tuent un punk homophobe puis partent en cavale, ndlr] est sorti, c’était très polarisant. J’ai entendu des histoires de bastons qui ont éclaté dans des bars gays après la projection de ce film qui énervait tellement. Vous savez, j’ai grandi avec les films de Jean-Luc Godard, donc j’ai toujours pensé au cinéma comme une provocation. C’est hyper excitant pour moi de soulever des réactions intenses. Pour moi le pire c’est qu’on dise qu’un de mes films est juste ok, comme si sa vision n’avait aucun impact. The Doom Generation a poussé tellement de gens à bout. Je veux dire, il a des fans loyaux, très dévoués. Mais aussi beaucoup de détracteurs, ce qui m’a toujours convenu. C’est comme avec la musique alternative : beaucoup de groupes que j’écoute n’ont jamais été populaires, n’ont jamais été dans le top 50. Mais ils signifient tellement pour moi. Et c’est durable : il y a un culte, une intensité dans la connexion avec ce genre de musique qui, je pense, la fait vivre pour toujours.

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La fluidité sexuelle que vous avez toujours défendu dans vos films est beaucoup plus présente au cinéma comme dans la société. Comment vous voyez ça évoluer ?

J’ai lu un article l’autre jour qui parlait de ça. Je ne sais plus si ça concernait juste les États-Unis ou si c’était plus global mais ça disait qu’environ 20% des jeunes de la génération Z s’identifient comme LGBTQ+, et surtout en tant que personnes bis. Cette idée qu’il y a autant d’ouverture, c’est presque déroutant pour quelqu’un qui a vécu les années 1990. Et en même temps, il y a toujours les suprémacistes blancs, les néo-nazis, Donald Trump, la culture hyper répressive dans laquelle nous vivons. Et puis il y a la technologie, le fait que les gens sont tellement déconnectés les uns des autres. J’ai lu encore un autre article super dérangeant : apparemment beaucoup de jeunes ne font pas l’amour et n’ont aucune relation. Je pense que je suis plus vieux, que j’appartiens à une génération différente mais pour moi c’est tellement problématique. C’est le thème central de tous mes films : cette recherche de sexe, cette connexion. C’est très important pour moi. C’est la force motrice de l’être humain.

Quand vous étiez plus jeune, vous étiez aussi romantique que les héros joués par James Duval, l’acteur emblématique de la Teen Apocalypse Trilogy ?

Complètement. Ces trois films sont comme un journal intime, dont les personnages encapsuleraient mes pensées, mes sentiments. Mais je ne m’identifie pas seulement à ceux joués par Jimmy. Je ressemble peut-être même plus à Amy Blue dans The Doom Generation. Ce mordant, ce goût du sarcasme, ce sens de l’humour, je suis plus comme ça dans la vie.

En France, vos deux premiers films, Three Bewildered People In The Night (1987) et The Long Weekend (O’Despair) (1989) ne sont jamais sortis. Comment appréhendiez-vous le cinéma quand vous avez commencé ?

Ces films ont été très inspirés par Jim Jarmusch. Je me souviens avoir été époustouflé, stupéfait par Stranger Than Paradise, que ça puisse exister au cinéma. Comme mes films d’après, ils étaient très reliés à ce qui se passait dans ma vie. Il y avait toujours un héros gay artiste avec sa meilleure amie, ce qui se retrouvera dans beaucoup de mes films, même ma série Now Apocalypse [sortie en 2019, ndlr.]

Dans vos premiers films, vous filmez beaucoup les espaces désolés ou délabrés de Los Angeles, des parkings, des décharges… Vous y traîniez beaucoup ?

Los Angeles est plein de ces paysages nocturnes. Je les ai surtout filmé dans Totally Fucked Up [sur un groupe d’ados gays et lesbiennes qui se filment à L.A. Gregg Araki les présente comme les « enfants du sida et de MTV », revendiquant l’hommage à Godard qui dans Masculin Féminin faisait le portrait de la génération « Marx et Coca Cola », ndlr]. On n’avait pas d’argent pour se payer des décors ou quoi que ce soit d’autre. J’avais une sorte de carnet dans lequel je notais les endroits cool et tordus où je passais en voiture. Je cherchais beaucoup cette ambiance surréaliste de terrain vague.

The Living End a été controversé parce qu’en pleine crise du VIH/sida, il comportait une scène de sexe non-protégé entre Jon et Luke. Quelle était votre intention ?

The Living End était comme mon journal intime livré sans filtre, un mélange d’émotions et de pensées sur la crise du sida, ces sentiments d’impuissance, de confusion, cette colère. L’idée n’était vraiment pas de faire la pub du sexe non protégé, pour moi c’était plus une expression poétique du désespoir des personnages.

Dans Totally Fucked Up, Tommy porte le tee-shirt « Read My Lips » du collectif de graphistes Gran Fury, très proche d’ACT UP New York, sur lequel on voit deux marins s’embrasser. Comment la lutte le VIH/sida a marqué votre cinéma ?

Ça a été une énorme influence. The Living End, Totally Fucked Up, The Doom Generation sont sortis pendant cette période où ce nuage noir du sida était accompagné d’un sentiment de fatalité. Ça a pesé très très lourd pour ma génération. Mes personnages sont un reflet de cette époque, ils se sentent perdus, aliénés, sont traversés par une incertitude. Même Nowhere se termine sur cette note incertaine, car c’était une émotion très partagée à l’époque. La fragmentation de mes récits, leur nature militante, ça venait de cette envie de faire quelque chose de nouveau, de différent, en réponse à la crise du VIH/sida

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Totally Fucked Up représentait non pas une subculture, mais une sub-sub culture, le queer post-punk. Comment vous avez connecté avec ce monde ?

Totally Fucked Up parlait de se sentir aliéné par la culture hétéro comme par la culture gay mainstream. Par rapport à ça, l’arrivée du post-punk et du queer dans ma vie, c’est un peu simultané. Ce sont deux contre-cultures qui partagent beaucoup : le sentiment d’être différent, de se construire contre le tout-venant, de faire partie d’un monde d’outsiders… C’est un peu comme l’apparition du New Queer Cinema. Avec d’autres cinéastes [Todd Haynes, Tom Kalin, Cheryl Dunye, Marlon Riggs ou encore Monika Treut, ndlr] on nous a présenté comme une vague de nouveaux auteurs queer. Mais on n’a jamais fait une réunion pour imaginer une campagne stratégique dans le but de bouleverser les codes du cinéma traditionnel. C’est juste que tous ces cinéastes qui travaillaient indépendamment étaient affectés en même temps par la crise du VIH-sida et exprimaient leurs émotions ou sentiments à ce propos.

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Vous lisiez ou écriviez beaucoup de fanzines queer ou punk dans votre jeunesse ?

Je n’ai pas fait de fanzines, mais à la fin des années 1980, quand je faisais mes deux premiers films en noir et blanc, j’ai un peu travaillé en tant que journaliste à L.A. Weekly, c’était un peu le Village Voice de L.A., un hebdo gratuit. Je bossais pour le département musique, j’écrivais des critiques musicales. Ça m’a permis d’interviewer mes groupes préférés, The Jesus And Mary Chain, Ministry… J’ai aussi connecté comme ça avec le punk.

Dans Nowhere, les chambres d’ado sont très stylisées et reflètent les personnalités des personnages. À quoi ressemblait la vôtre ?

Elle n’était pas aussi cool que la chambre de Dark, le héros de Nowhere ! Elle était juste un peu commune, en bordel. C’est plus dans ma vingtaine que je me suis affirmé, et là mon appart’ ressemblait beaucoup à celui de Jon, le critique de The Living End, c’était même ma déco. J’avais plein de goodies arty [un Godzilla en plastique, ndlr], de posters [ceux de Made In USA de Jean-Luc Godard, de My Degeneration de Jon Moritsugu, de Blow Job d’Andy Warhol, ndlr].

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Quand j’avais interviewé James Duval il y a quelques années, il avait évoqué une fin alternative à Nowhere. Vous pouvez en parler ?

Dans le script original, Dark va se coucher, et ça se termine par un monologue dans lequel il se dit seul et perdu. À l’origine, ce qui suit était prévu après le générique comme le font aujourd’hui les films Marvel pour faire rester les spectateurs jusqu’à la fin des crédits ! Donc le blondinet Montgomery vient se coucher tendrement auprès de Dark avant d’exploser parce qu’il a un alien en lui. Mais cette scène a été déplacée, parce que ça faisait une meilleure conclusion, un peu amère. Ce que Jimmy évoque, ce n’est pas vraiment une fin alternative, c’est plus qu’au départ j’ai pensé Nowhere comme une série. Pour moi, c’était une réponse à Twin Peaks- Fire Walk With Me, le préquel de la série de David Lynch et Mark Frost, qui est sorti au cinéma. Je voyais Nowhere comme la genèse d’une prochaine série. Le personnage de Montgomery revenait sous forme d’evil twin, et portait le nom de Clift [comme l’acteur Montgomery Clift, ndlr.] J’ai écrit quelques épisodes, deux ou trois.

Pensez-vous que les représentations queer deviennent trop lisses, plus assez menaçantes envers la société straight, le capitalisme, le patriarcat ?

C’est intéressant parce que quand The Living End est sorti, ça a tellement scandalisé, c’était considéré comme explosif et provocateur, notamment à cause de cette scène de sexe gay bareback [sans préservatif, ndlr] sous la douche. Et puis quand on l’a remasterisé, je crois que c’était en 2008, j’ai revu le film et je me suis dit : « Mais… C’est hyper doux et tendre en fait. » C’est juste qu’en 1992, le simple fait de voir deux mecs s’embrasser ou se tenir la main, beaucoup de gens trouvaient ça choquant. C’était bien avant Will And Grace ou Ryan Murphy… Je pense que mon intérêt pour la sexualité et la queerness n’a pas trop à voir avec l’idée de choquer. Je n’ai voulu faire de porno par exemple – mais si vous voulez en voir, regardez-en, je ne suis pas contre, en plus c’est tellement répandu maintenant. J’ai toujours voulu comprendre ce qui se passe entre les personnages, leurs relations à un instant T. Quand je commençais à faire des films, j’étais inspiré par les premiers films de Pedro Almodóvar, surtout Matador et La Loi du désir, qui étaient très graphiques et très intenses dans leur représentation de la sexualité. Mais la façon dont Almodóvar abordait la sexualité était toujours reliée à des moments de vérité de ses personnages. C’est quelque chose qui m’a toujours passionné, quand on a l’impression de briser une frontière, d’aller au-delà de notre enveloppe corporelle, comme une révélation. Quelqu’un qui arrive à faire ça aujourd’hui, c’est Mike White. Je suis très fan des deux saisons de The White Lotus. Il ose explorer la sexualité de manière très franche, et montre comme elle peut devenir un espace de créativité.

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Vous avez des projets de film ?

Je n’ai rien tourné récemment, j’ai juste travaillé épisodiquement l’année dernière [il a réalisé des épisodes des séries Dahmer et American Gigolo, ndlr.] Mais je travaille sur mes propres trucs, un film, et j’ai aussi une idée pour la télé. Ce n’est pas pour tout de suite. Pour l’instant, je considère que mon nouveau film, c’est The Doom Generation ! J’espère qu’il ressortira aussi en France.

« L.A. c’est comme nulle part. Tout le monde est perdu ici » disait Dark au début de Nowhere. Vous le ressentez toujours comme ça ?

Je ne suis plus perdu comme je l’étais plus jeune. Mais je vois beaucoup de gens qui le sont. Le monde dans lequel nous vivons est bien plus chaotique, étrange et aliénant que dans les nineties. Pour moi, c’est la même folie en pire.