Un banc, des joints et des conversations interminables : voilà le triptyque indispensable de la représentation de la jeunesse un peu paumée, qui sert de point de départ à Chien de la casse. Nous sommes au Pouget, petite ville d’à peine plus de 2.000 habitants dans l’Hérault. Sur le banc, Dog roule les joints, Mirales s’occupe de la conversation. Il y a entre eux autant d’attachement réel que d’habitude. Un fragile équilibre bientôt rompu par l’arrivée d’Elsa, en vacances dans le coin, pour laquelle Dog en pince un peu.
En filmant ce trio, Jean-Baptiste Durand évite les clichés sur la campagne et révèle la quintessence des liens amicaux masculins en milieu clos, ce mélange de hasard, de chance et de nécessité. Dog et Mirales ont beau s’apprécier, ils ne le font que maladroitement. Le second, aussi volubile que le premier est taiseux, n’a pourtant pas plus de capacité à communiquer.
Chien de la casse alterne l’humour et la violence avec une impressionnante dextérité, bien aidé par son écriture solide et son casting. Face à Anthony Bajon, parfait en petit Dog sensible sous ses airs renfrognés, Raphaël Quenard façonne un Mirales à l’image de ce premier film, rugueux et poétique, à l’intelligence immense mais discrète.
Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Bac Films (1 h 33), sortie le 19 avril