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Un embryon de romance et un découpage emphatique qui exacerbe la sensualité d’un univers étincelant mais hanté par des cataclysmes passés : le beau début de Suzume, du nom de la lycéenne qui croise près de chez elle la route de l’énigmatique Sōta, a tout du film de Makoto Shinkai pur jus.
La suite du récit portera l’adolescente le long d’une aventure fantastique où elle devra, au gré des circonstances, refermer différents portails laissant s’échapper, sur le monde des vivants, des entités cataclysmiques. Le film nous fait ainsi traverser le Japon du Sud vers le Nord en rejouant plusieurs fois la partition chère au cinéaste, qui s’est fait pour spécialité d’exalter la dynamique cosmique du mélodrame, entre attraction et éloignement des astres, que ce soit le foudroiement d’une rencontre ou le déchirement d’une séparation entre deux univers.
Dans Suzume, dont la candeur à toute épreuve a tendance à déconcerter voire à aplanir un peu les changements de tons, cette danse astrale tient en partie à l’existence d’un monde parallèle partageant, avec la réalité des personnages, une même splendeur. C’est peut-être d’ailleurs la raison pour laquelle ses protagonistes cherchent à empêcher la catastrophe : chez Shinkai, préserver l’environnement revient à préserver l’émerveillement.