Vu de l’extérieur, Santiago est un quinquagénaire étincelant à l’existence bien remplie, susceptible de faire encore chavirer de nombreux hommes sur son passage. Mais lorsqu’il se retourne sur sa vie, notre bellâtre en dresse un bilan pour le moins mitigé. Père aimant mais inconstant de Laila, jeune femme qui s’apprête à prendre son envol, le héros de Cœur errant se sent plus seul que jamais, et les rencontres d’un soir n’y changent pas grand-chose.
Voilà le portrait brossé par le réalisateur Leonardo Brzezicki : celui d’un homme qui se demande s’il n’est pas bon pour la casse. De l’Argentine jusqu’au Brésil, où vit la mère de Laila, l’été qu’il filme permettra à Santiago de tenter de comprendre pourquoi il n’a jamais vraiment trouvé sa place sur le plan sentimental. Cœur errant rappelle le style d’Ira Sachs (Love is strange) et les thématiques déployées par Pedro Almodóvar dans Douleur et gloire, où Leonardo Sbaraglia (interprète du rôle principal) jouait d’ailleurs un rôle-clé.
Qu’il se vautre dans le grotesque pour attirer l’attention ou qu’il demande – en vain – de la tendresse à un couple avec qui il vient de passer la nuit, Santiago ne se pose qu’une question : est-il trop tard pour être aimé ? Traversé par autant d’instants joyeux que d’épisodes pathétiques, Cœur errant livre une réponse bouleversante.
Coeur errant de Leonardo Brzezicki, 1h52, Optimale Distribution, sortie le 5 avril
Image (c) Optimale Distribution