Mina et Halim tiennent une boutique de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Difficile, cependant, d’identifier la ville en question tant le deuxième long métrage de Maryam Touzani travaille à se délester de tout élément susceptible d’appesantir cette fresque intime sur la reconfiguration du désir. Halim (Saleh Bakri) est maître tailleur de caftans. Son titre de maalem implique patience et transmission, à rebours d’un monde n’aspirant qu’au changement et à l’immédiateté. De son côté, Mina (Lubna Azabal) tient la boutique d’une main de fer…
Bien calée sur ce tempo, la réalisatrice d’Adam (2020) dépose délicatement sa mise en scène sur le rythme imposé par la confection du précieux caftan ; courant le long des tissus, sa caméra épouse les moindres gestes du maalem et sonde la couture des êtres. Bouleversés par l’arrivée d’un jeune apprenti, Halim ne pourra plus taire son homosexualité, pas plus que Mina ne saura masquer la résurgence de son cancer… Avec pudeur, Maryam Touzani regarde ces deux corps soudés par un amour indéfectible appelés à rapprivoiser leur désir et mus par le courage de laisser l’autre partir.
Le Bleu du caftan de Maryam Touzani, Ad Vitam (2 h 04), sortie le 22 mars
Images (c) Les Films du Nouveau Monde/Ali n Productions/Velvet Films/Snowglobe