Après avoir fait l’objet d’une exposition au Jeu de Paume entre septembre 2021 et février 2022, le matériau tourné par Ana Vaz au zoo de Brasilia change de peau et se mue en film de cinéma. D’un coté, les barres d’immeubles des faubourgs embrassées par d’interminables travellings. De l’autre, le pelage d’un ours ou les yeux d’une chouette captés en gros plan.
À part l’aube persistante d’un jour qui semble ne pas vouloir se lever, rien ne relie ces deux mondes. Ce premier long métrage est un chant d’apocalypse porté par une mélodie bruitiste et alarmante, très justement récompensée par le Prix One + One de la meilleure bande son et constituée du vacarme d’un chantier, de cris de bêtes féroces et de samples de morceaux où les cuivrent pleurent sur un ton funèbre.
Lorsque la présence humaine surgit entre l’architecture et le monde sauvage qui semblaient bien étanches l’un à l’autre, c’est une voix effrayée au téléphone qui enjoint la police de l’environnement de venir retirer un cobra sur une route. Certes, le parc zoologique soigne les espèces en voie de disparition et les préserve, mais l’expansion de la ville a colonisé leur espace naturel, les privant définitivement de la liberté dans leur habitat. Ana Vaz filme sur un médium lui-même en voie d’extinction (de la pellicule 16 mm périmée) les vestiges du vivant, avec l’idée que l’homme sera le prochain sur la liste des réfugiés climatiques.