« La (très) grande évasion » de Yannick Kergoat : démasquer le visage du capitalisme

Après « Les Nouveaux chiens de garde », qui dénonçait les liens incestueux entre journalisme et politique, Yannick Kergoat revient à la charge avec un film consacré au phénomène de l’évasion fiscale. Un documentaire ludique et pédagogique, qui n’oublie pas de rester offensif.


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Comment figurer une fuite de capitaux dont les modalités visent, précisément, à rendre ces flux imperceptibles ? C’est la question que pose La (Très) grande évasion, réalisé par Yannick Kergoat et co-écrit avec le journaliste Denis Robert, qui dresse la synthèse des scandales successifs liés à l’évasion fiscale en France. Entre des représentations graphiques, des images d’archive et des entretiens menés auprès d’un panel de spécialistes, le film adopte un ton ironique et rieur, dans le même esprit railleur que Les Nouveaux chiens de garde, l’un des précédents documentaires de Kergoat qui se consacrait à une problématique liée aux images de notre temps : celui des collusions entre médias et pouvoir.

De ce projet, il reste ici une attention particulière accordée aux indices médiatiques laissés par le cancer de l’évasion fiscale, véritable serpent de mer du capitalisme tardif. Avec, pour contrer la dissimulation à laquelle s’adonnent systématiquement grands patrons, multinationales et autres paratonnerres gouvernementaux, une stratégie sur mesure : désigner sans détour les fraudeurs, à l’aide de flèches qui leur collent à la tête, histoire de mettre des visages sur la grande abstraction chiffrée de la fiscalité.

La (Très) grande évasion de Yannick Kergoat, sortie le 7 décembre, 114 min., Wild Bunch

Image (c) LE BUREAU FILMS – WILD BUNCH