« Bones and All » de Luca Guadagnino : d’amour et de sang frais

Luca Guadagnino retrouve son poulain Timothée Chalamet pour un road trip sanglant dans l’Amérique déshéritée. Résultat : un authentique teen movie aux allures de poème romantique, où l’amour se consomme avec les crocs.


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Depuis le succès de Call Me by Your Name (2017), Luca Guadagnino est la coqueluche d’une nouvelle génération assoiffée de roman­tisme. Preuve en est avec cette adaptation d’un roman pour ados qui suit l’errance de Maren (Taylor Russell McKenzie), une jeune fille bannie de son foyer pour ses penchants cannibales. Seule, démunie, elle va faire la rencontre de Lee (Timothée Chalamet), un garçon qui souffre du même mal.

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Si le film a tout d’une bluette sur fond de quelques giclées de sang, il actualise pourtant singulièrement les grands mythes américains : il y a du Bonnie et Clyde (Arthur Penn, 1968) dans ce couple mal assorti en quête d’absolu, du Martin (George A. Romero, 1978) dans la marginalité afférente à leurs pulsions vampiriques. Et puis il y a le road movie, un continent exploré dans son envers par Guadagnino.

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À peine prend-on la route que résonne la musique de Joy Division, sombre résurgence du no future. À peine s’embrasse-t-on que l’on s’empresse de disqualifier les sentiments – « On est juste amis », entend-on régulièrement. C’est que la jeunesse américaine de Bones and All ne fait pas – plus – confiance, ne fait plus rêver. Au point d’être condamnée à l’exil social pour sa différence, à manger ceux qu’elle aime à défaut de leur faire l’amour.

Bones and All de Luca Guadagnino, Warner Bros. (2 h 10), sortie le 23 novembre