Curieux titre pour un film qui se déroule exclusivement dans un centre de détention pour mineurs. Joe (Khalil Gharbia, découvert dans Peter von Kant de François Ozon) y vit depuis plusieurs mois et espère une libération prochaine accordée par la juge. Dans cet environnement complètement barricadé, il noue une relation amoureuse avec un autre adolescent, nouvellement arrivé, William (hypnotisant Julien de Saint Jean)… Pour son premier long métrage, Zeno Graton déroule la métaphore de l’enfermement en variant les échelles pour filmer les grillages et clôtures qui maintiennent ces garçons en dehors du monde.
Mais, loin de tomber dans la facilité et les stéréotypes – il n’est jamais question d’homophobie de la part des camarades ou de l’équipe pénitentiaire –, le cinéaste belge tente de faire tomber ces cloisons. Comme lorsque les personnages communiquent à travers le mur très fin qui sépare leur chambre ou quand ils s’échangent des baisers derrière la salle commune. À l’instar des héros d’Un chant d’amour de Jean Genet (1950), grande source d’inspiration ici, Joe et William créent leur propre espace de liberté à l’abri des regards, un territoire paradisiaque et pleinement occupé.
Le Paradis de Zeno Graton, Rezo Films (1 h 23), sortie le 10 mai
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