Après avoir réalisé Amadeus (1984), son biopic culte sur Mozart, Miloš Forman entendait raconter l’histoire du Bohémien Josef Mysliveček, un grand musicien et compositeur bien moins connu mais tout aussi doué que Wolfgang, qui fut son ami. S’il n’a jamais abouti, ce projet ressuscite, en quelque sorte, entre les mains de Petr Václav. « Il Boemo » (traduit par « celui qui vient de la Bohême », actuelle République tchèque), c’est le surnom donné à Mysliveček.
Le récit commence en 1764, quand ce fils de meunier alors âgé de 27 ans – et absolument pas prédestiné à entrer dans les cercles mondains – est propulsé dans une Venise libertine, après avoir entamé une liaison fatale avec une femme de la cour. Dans des plans savamment composés, Petr Václav restitue le stupre comme la flamboyance de l’époque. Cette idée de saleté mêlée à de la préciosité, qui rappelle le cinéma de , s’accentue au fil des rencontres du héros – ce personnage gardant l’allure non d’un ambitieux, mais d’un éternel jeune naïf, qui accepte sans broncher de se dégrader, avant de finir sa vie, recroquevillé dans l’ombre, atteint de syphilis (il en meurt en 1781, à Rome). Dès le premier plan, on sait qu’il court à sa perte, mais le regard mélancolique que Petr Václav pose sur ce grand damné nous donne envie de croire à une rédemption – qui n’arrivera bien entendu jamais.
Il Boemo de Petr Václav, Nour Films (2 h 20), sortie le 21 juin