Abel vit dans la province d’Entre Ríos, au nord-est de l’Argentine. Veillant sur sa sœur enceinte, filant un coup de main à contrecœur dans la ferme familiale, attendant que sa vie démarre. Que la lumière aveuglante qui irradie la plupart des séquences ne nous y trompe pas : la mort récente de Jesús, son cousin, promis à un brillant avenir de pilote, a dévasté Abel et son clan. Au-delà du chagrin évident, un terrible constat s’impose : même avec le plus grand des talents, toute personne naissant dans ce village semble condamnée à y végéter.
« Le meilleur moyen de partir d’ici est peut-être de mourir », fait dire Maximiliano Schonfeld à l’un de ses personnages. Pourtant, le réalisateur argentin ne cesse de chercher la lumière – on est si loin de ce qu’aurait tiré d’un tel sujet le Bruno Dumont de La Vie de Jésus, aux thématiques pourtant très voisines (motos, ruralité et figures christiques). L’important est ici d’observer jusqu’où Abel va pousser le mimétisme avec sa défunte idole et, à travers cela, comment les jeunes mâles confondent quête de virilité et accomplissement. Car, dans Jesús López, tout ce qui compte, c’est de devenir un homme, un vrai, et surtout de se prouver qu’on en est un. Qu’importe le prix.
Jesús López de Maximiliano Schonfeld, Tamasa (1 h 26), sortie le 13 juillet
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