À 23 ans, il a déjà la maturité de ceux qui ont beaucoup vécu. Le jeune Portugais connaissait les films de João Pedro Rodrigues avant que ce dernier ne le contacte après l’avoir vu dans un sketch pour la télé. « J’avais regardé quelques-uns de ses films, et ils m’avaient beaucoup intrigué. Quand il nous a donné le script de Feu follet, j’ai trouvé ça très différent de ce qui se fait habituellement. » Son métier de comédien, dûment appris dans une école d’art dramatique à Lisbonne, il l’a toujours appréhendé selon un rapport engagé au monde et à l’art. Il se rappelle son amour, enfant, pour la saga Harry Potter et le crépitement d’une vocation en y découvrant le personnage de sorcière de Helena Bonham Carter, dont il avait appris chaque ligne de dialogue. Plus tard, c’est Ingmar Bergman et plus particulièrement Persona qui ont étayé sa cinéphilie grandissante.
« Feu Follet » de João Pedro Rodrigues : une fantaisie hédoniste chez les pompiers
Après le feu cannois, en mai, où il a découvert, ému, le film sous les rires et les applaudissements, il s’interroge sur la réception dans son pays. « Je trouve que le cinéma portugais a, en général, vingt ans de retard par rapport à ce qui se passe dans le monde. Je n’ai pas peur pour moi, j’ai juste peur que Feu follet soit mal interprété, que certaines choses soient transformées. » Il en parle comme d’un refuge, d’un film-monde capable de guérir, « un endroit où on peut enfin être soi et avancer ». En septembre, il rejoint une autre planète hybride, une commedia dell’arte modernisée : une adaptation théâtrale d’Arlequin valet de deux maîtres de Carlo Goldoni dans un décor de ruines anciennes.
Feu follet de João Pedro Rodrigues, JHR Films (1 h 07), sortie le 14 septembre