« Amusement Park » : le film perdu de George A. Romero s’annonce fou

Ce film d’horreur est une allégorie des stigmates liées à la vieillesse.


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2021 promet d’être l’année des manuscrits exhumés. D’abord parce que , le scénario d’un mystérieux polar de sur la rencontre entre un ancien forain et une alcoolique, été retrouvé en 2006 et vient d’être racheté par les producteurs Bruce Hendricks et Galen Walker, qui comptent en livrer une adaptation sur grand écran. Ensuite parce que The Amusement Park, film perdu de George A. Romero tourné en 1973, vient d’être restauré dans un version 4K supervisée par Suzanne Desrocher-Romero, l’épouse du cinéaste. En attendant de découvrir cette oeuvre inédite, qui sortira aux Etats-Unis le 8 juin sur la plateforme de streaming Shudder, installez-vous confortablement (âmes sensibles, cramponnez-vous plutôt), pour découvrir la première bande-annonce de The Amusement Park.

À l’origine, la société luthérienne avait chargé Romero d’inventer un projet pour sensibiliser à la maltraitance des personnes âgées. Bien décidé à ne pas livrer un simple spot publicitaire aux saveurs fades, le maître de l’horreur a comme d’habitude imaginé une allégorie politique, où la cruauté humaine prend des formes gores : l’acteur Lincoln Maazel interprète donc un « homme âgé, de plus en plus désorienté et isolé tandis que les douleurs, les tragédies et les humiliations liées au vieillissement aux États-Unis se manifestent à travers les montagnes russes et la foule chaotique ».

Oubliez les supermarchés si chers à Romero (lieux qui incarnaient la société de consommation carnivore dans ), laissez place à un parc d’attraction d’un genre bien particulier – loin de l’esprit bon enfant d’un Disneyland Paris. A en croire le premier trailer, on y croisera un innocent couple se faisant prédire l’avenir par une diseuse de bonne aventure peu rassurante, un horde de personnes âgées déchaînées, pas prêtes de se laisser enfermer en Ehpad. Sans oublier des manèges old school – grand huit et carrousels à gogo qui semblent conduire tout droit en enfer. Bref, The Amusement Park s’annonce comme une version féroce et cynique des récits de fêtes foraines et de leurs freaks, qui s’attaque aux stigmatisations liées à l’âgisme. En pantin sanguinolant et hagard, Lincoln Maazel crève l’écran, prisonnier de cet asile de fou dont il est prisonnier. On a aussi hâte de découvrir le film car il semble porter la patte plus expérimentale de Romero.

Au-delà des codes du pur film de genre, le cinéaste y déploie son goût pour l’expérimental, les décadrages soudains, les plans subjectifs hallucinés, la musique stridente incontrôlable et le rythme anarchique d’un montage cauchemardesque. « Le film n’a jamais été montré en public car les gens qui l’ont financé ne l’ont pas permis. Et ce n’est pas étonnant. C’est l’enfer. Dans sa longue carrière de critique des institutions américaines, Romero n’a jamais été aussi impitoyable » l’auteur de science-fiction Daniel Kraus. Joyeux halloween en avance – on guette de près la date de sortie française.