Sofia Coppola nous a plutôt habitués à l’ambiance étouffante des banlieues pavillonnaires (le Détroit dans années 1970 dans Virgin Suicides), ou à la beauté toc de décors glamours (le Los Angeles des stars dans The Bling Ring, le château Marmont dans Somewhere). Pour son dernier projet, la réalisatrice délaisse ces espaces de prédilection pour une métropole plus effervescente : New-York, et plus précisément le majestueux David H. Koch Theater du Lincoln Center. Elle y a tourné un court-métrage commandé par le New York City Ballet dans le cadre de son premier gala virtuel, à voir gratuitement en ligne jusqu’au 20 mai.
Mis en lumière par le directeur de la photographie Philippe Le Sourd, qui a travaillé sur ses deux derniers films, et chorégraphié par Justin Peck, le film présente sobrement, sans commentaire, plusieurs oeuvres, dont Solo, interprété par le premier danseur Anthony Huxley et Dances at a Gathering de Jerome Robbins.
Dans un noir et blanc soyeux et élégant, les danseurs exécutent leur répétition dans des studios aux allures de décors de cinéma – une immense salle de balle vitrée, des coulisses qui mettent à nu les dessous de l’opéra, un foyer vide… Jusqu’à ce que la couleur revienne soudainement pour faire éclater à nos yeux une chorégraphie en costumes dans le grand auditorium.
« En tournant dans le théâtre, j’ai senti que les esprits de la danse étaient là » a déclaré Sofia Coppola au New York Times. « Le défi pour moi était de transmettre la sensation de voir de la danse en direct. Une grande partie de la danse est filmée de manière très plate, standard. Le fait de se rapprocher, qui peut être passionnant en répétition, ne se traduit pas toujours sur la pellicule non plus. J’ai dû déplacer la caméra beaucoup plus que ce à quoi je suis habituée, et essayer de donner la sensation de vivre un spectacle en direct depuis différents points de vue » complète la cinéaste.
Pas de doute : lorsque l’on observe la fluidité des mouvements de caméra, qui saisissent avec vertige la gymnastique des corps, mais aussi la rudesse d’une discipline qui cache des heures de travail intenses, on se dit que l’approche documentaire va bien à Sofia Coppola.