SCENE: « Hard to Be Soft. A Belfast Prayer » et « Lady Magma »

En 2017, Oona Doherty débarquait sur les scènes françaises telle une comète.


« Hard to Be Soft. A Belfast Prayer » de Oona Doherty

En 2017, Oona Doherty débarquait sur les scènes françaises telle une comète. Personne, ou presque, n’avait entendu parler d’elle avant ce premier solo. Huit minutes incandescentes pendant lesquelles, large tee-shirt blanc et jogging immaculé, chaîne massive autour du cou et cheveux plaqués en arrière, elle charriait dans son corps nerveux toute la rage contenue des adolescents de Belfast. Une fulgurance au goût de reviens-y que le printemps théâtral permettra de rassasier. Pour la biennale de danse du Val-de-Marne, et dans la foulée au Théâtre de la Bastille, la chorégraphe reprend ainsi cette première prière, «Lazarus and The Birds of Paradise», et les trois autres qui composent la grande fresque Hard to Be Soft dédiée aux âmes tourmentées qui hantent l’Irlande: «Sugar Army», pour les rêves tenaces des filles-mères; «Meat Kaleidoscope» pour les cœurs bourrus des pubs et les piliers de bar; et enfin «Helium», un final plus abstrait, comme un appel à vivre le présent intensément. Si elle a longtemps observé ses concitoyens et planqué quelquefois son dictaphone dans son sac, la jeune femme se défend de faire de l’art social. C’est bien plus un hommage à ces anonymes qu’elle croise tous les jours et qui mériteraient un peu plus de douceur que ce que la vie leur offre qu’elle entend façonner. Et si sa dernière création, Lady Magma, semble changer radicalement de registre, c’est bien le même langage chorégraphique vibrant, à la frontière de la danse, qu’elle continue de creuser, célébrant cette fois une vision contrastée de la féminité.

«Hard to Be Soft. A Belfast Prayer», le 23 mars au Théâtre Antoine Vitez (Ivry-sur-Seine), du 8 au 12 avril au Théâtre de la Bastille (50 min) • «Lady Magma», les 3 et 4 avril à l’Atelier de Paris – CDCN (1 h)

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