mk2 Curiosity : un nouvel épisode avec Abdellatif Kechiche, Agnès Varda, Alice Guy

Cette semaine,


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Vénus Noire d’Abdellatif Kechiche (162’, France, 2010)

Interdit aux moins de 12 ans.

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La « Vénus Noire », c’est Saartjie Baartman, jeune Sud-africaine qui a été exhibée comme une bête de foire au XIXe siècle. En racontant l’histoire de cette martyre de la science, aujourd’hui devenue un symbole pour l’Afrique du Sud, Kechiche confronte son cinéma à l’horreur grimaçante du spectacle, non loin d’Elephant Man (Lynch) ou d’Une étoile est née (Cukor).

Cette fresque terrifiante sur un corps meurtri surprend par les audaces et la cruauté de son propos. Lors de longues scènes de spectacles, la caméra de Kechiche s’attarde sur ces regards qui, des tavernes londoniennes à l’amphithéâtre du Pr Cuvier, de la solennité du tribunal au grotesque des soirées libertines, viennent se rassurer sur leur propre humanité. Pourtant, c’est bien dans le regard de Saartjie que se niche celle du film.

Mutique au milieu du chaos (comme l’adolescent de L’Esquive ou le père de La Graine et le mulet), elle hante les plans de son corps lourd et sensuel. Déjouant le voyeurisme de son sujet, le film redonne à Saartjie toute sa complexité et sa dignité. Par le biais d’une mise en scène musicale, oscillant entre transe et effroi, Kechiche dépasse le simple plaidoyer humaniste pour raconter avec tact et intelligence le destin d’une artiste que l’on n’a pas su regarder. RENAN CROS

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La Joyeuse Suicidée de William Wellman (77’, Etats-Unis, 1937)

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Que faire lorsqu’une perspective de décès tragique nous attire la célébrité, et qu’on s’aperçoit finalement qu’on est en parfaite santé ? Réponse avec cette savoureuse screwball comedy en Technicolor. Carole Lombard y interprète une séduisante ingénue qui, se croyant condamnée après une contamination par le radium, voit la presse s’emparer de son histoire tragique.

Derrière une mécanique implacable de comédie romantique (des rebondissements cocasses, des répliques ciselées, des cadrages malins), William Wellman dissimule un pamphlet contre la presse voyeuriste et son goût pour le macabre. La légèreté de sa mise en scène tout en ambivalence évoque les quiproquos subtils d’Ernst Lubitsch, et son sous-texte politique sur une Amérique désespérée ravive les souvenirs de L’Homme de la rue de Frank Capra.

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Sans toit ni loi : souvenirs, entretiens, notes et commentaires d’Agnès Varda (40’, France, 2003)

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Quand Agnès Varda vient proposer à Sandrine Bonnaire de jouer le rôle « d’une fille qui pue, qui dit merde à tout le monde, et qui ne dit jamais merci », l’actrice qui n’a pas froid aux yeux saute sur l’occasion et cela donne Sans Toit ni loi, Lion d’or au Festival de Venise 1985.

Dans ce film à la photographie hyper réaliste, Agnès Varda prend pour point de départ un fait divers sordide – une vagabonde retrouvée gelée dans un fossé. De cette image exposée d’entrée de jeu, elle déroule le fil d’une existence passée dans l’anonymat : qui était cette nomade au mode de vie anticonformiste? Qui a-t-elle croisé sur sa route? D’où venait cette soif de liberté solitaire?

Grâce à cette archive rare, on plonge dans le travail de création d’Agnès Varda, pour comprendre ce qui l’a poussée à dresser le portrait anti-psychologique d’une rebelle qui de bout en bout, échappe au spectateur autant qu’à la société.

RÉCIT: Une journée avec Agnès Varda

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Matrimony’s speed limit d’Alice Guy (13’, Etats-Unis, 1913)

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Pionnière du cinéma trop vite oubliée, Alice Guy réalise et produit en 1896 La Fée aux choux, considéré comme l’un des premiers courts métrages de fiction. Parmi ses faits d’arme notables : elle est la première réalisatrice à enregistrer des « phonoscènes », permettant de synchroniser le son d’un disque avec un film, et est à l’origine de La Naissance, la Vie et la Mort du Christ (1906), tenu pour le premier péplum français (25 tableaux, 300 figurants), dans lequel elle expérimente des effets spéciaux modernes (surimpressions, fondus, accélérés).

Autant de raisons de découvrir ce court-métrage dans lequel un jeune homme, sur le point de se marier, s’aperçoit qu’il a perdu toute sa fortune. Il est donc indigne d’épouser sa riche fiancée… Sauf que celle-ci ne l’entend pas ainsi. Une comédie impertinente au rythme enlevé.

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