Comme il l’avait fait avec la vibrante et alors toute jeune (9 ans à peine) Quvenzhané Wallis, il révèle ici deux enfants acteurs, Devin France et Yashua Mack. La première campe Wendy, une gamine du sud des États-Unis, fille de la serveuse d’un diner miteux qui n’a guère d’horizon désirable. Le deuxième incarne Peter, petit manitou espiègle qui, juché sur le train qui passe devant le restaurant, vient appâter Wendy et ses deux frères pour qu’ils viennent rejoindre sa bande de mioches sur une mystérieuse île volcanique. Objectif : ne pas grandir, jamais, car l’âge adulte sonne le glas des jeux et des espoirs.
Avec son style emphatique dans lequel le merveilleux est appuyé par une musique orchestrale exaltée (le cinéaste compose ses propres B.O.), Benh Zeitlin pousse un nouveau cri du cœur à la jeune génération.
Moins un film pour enfants qu’un film sur les enfants, il n’épargne aucune noirceur à son récit du moment que celle-ci sert à figurer les angoisses de ses petits protagonistes : peur que la joie de vivre les quitte, que l’avidité les consume, peur d’être isolés, aigris et solitaires. Par une simple transposition de l’histoire de Peter Pan chez les laissés-pour-compte de l’Amérique rurale d’aujourd’hui, il délivre un message limpide et précieux : en cette époque sombre, quel plus beau phare dans la nuit que l’énergie de la jeunesse et son inépuisable pouvoir d’imagination ?
: Wendy de Benh Zeitlin, Condor (1 h 52), sortie le 23 juin