Ils avaient un rêve qui s’appelait Jérusalem. Dans les années 1960, de nombreux Juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient cédèrent à l’appel de la Terre promise, espérant une vie meilleure en Israël. Mais, à défaut de mur des Lamentations, ils ne trouvèrent que sable et désillusions. Relégués dans le désert de Néguev, ces mizrahim, comme on les a appelés, ont surtout servi de main-d’œuvre pour le développement de villes périphériques à peine sorties du sol, quand les Juifs venus d’Europe étaient traités bien différemment.
Ce n’était que le début de nombreuses discriminations et violences que la réalisatrice Michale Boganim expose dans son documentaire. Elle rencontre plusieurs générations de mizrahim dans un road trip intime qui revient sur le parcours de son père, l’un de ces expatriés déçus, de son arrivée sur la Terre promise à son exil en banlieue parisienne, en passant par sa lutte politique, sur le modèle des Black Panthers, pour faire reconnaître les droits des mizrahim en Israël. Sous la forme d’une lettre didactique à sa fille, elle propose une réflexion puissante et universelle sur ces périphéries délaissées où la cohésion sociale est la victime directe de politiques d’exclusion aussi arbitraires que dangereuses.
Mizrahim. Les oubliés de la Terre promise de Michale Boganim, Dulac (1 h 33), sortie le 8 juin
Image (c) Ex Nihilo – Lama Films – Bonne Nouvelle – Studio Orlando – France 2021