« America latina » de Damiano et Fabio D’Innocenzo

Un dentiste bien installé découvre une ado séquestrée dans sa cave et décide de se taire. Ce drame psychologique sur fond de dissimulation est signé par un duo de cinéastes italiens qui s’épanouissent dans le malaise.


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Massimo Sisti (Elio Germano) a apparemment tout pour être heureux. Mais, lorsque ce dentiste décide de se comporter comme s’il ne venait pas de trouver une adolescente ligotée dans sa propre cave, il nous emporte avec lui dans un gouffre où ni le bon sens ni l’empathie n’ont de place. Sélectionné au dernier Festival de Venise, le film des jumeaux D’Innocenzo (Frères de sang, Storia di vacanze) est d’abord le portrait psychanalytique d’un homme décidé à préserver les apparences pendant que l’horreur prend ses aises au sous-sol – et en lui.

La mise en scène crée un état de sidération, faisant littéralement pression sur un héros qui se décompose sous nos yeux. Jouant avec l’imagerie de la famille parfaite et matérialisant le capharnaüm mental dans lequel il se débat, les réalisateurs parviennent à créer un état d’inconfort aussi épais que durable. Clou du spectacle : une scène de repas familial aussi digne de Claude Chabrol que de David Lynch, dans laquelle Massimo vomit littéralement sa haine du personnage de petit­-bourgeois dans lequel il s’est enfermé. Bien qu’offrant quelques réponses, America latina agit comme un mauvais rêve : notre façon de l’interpréter déterminera notre faculté à nous en relever.

America latina de Damiano et Fabio D’Innocenzo, Le Pacte (1 h 30), sortie le 17 août

Image (c) The Apartment/Vision Distribution/Le Pacte