Dans la salle de bains, Lise se prépare à partir, coiffe ses longs cheveux blonds, alors que la lumière du soleil transperce la fenêtre. Aînée d’une fratrie nombreuse, elle est la seule à pouvoir quitter la ferme familiale pour commencer ses études. Sa mère, qui lui prédit un grand avenir, s’apprête à accoucher. Alors que Lise fait ses derniers adieux au voisinage, une rumeur lui parvient au loin : l’accouchement commence, il est douloureux et dangereux pour la vie de sa mère qui, s’accrochant à un rêve qu’elle croit prémonitoire, refuse de faire appel à un médecin…
Ne lâchant jamais le point de vue de l’adolescente, qui grandit dans une famille luthérienne très croyante, le conte sombre de Tea Lindeburg fait sentir avec virtuosité l’étau qui se resserre autour d’elle, en tachant de noir son cadre de vie bucolique. D’abord à travers des plans oniriques d’une beauté macabre (dans un rêve, Lise s’imagine inondée de sang en plein champ). Ensuite par l’évolution de son environnement sonore, de plus en plus effrayant – comme un présage des malheurs à venir. On est marqué par cette profusion d’idées de mises en scène qui contrecarre la froideur du monde dans lequel évolue l’héroïne. Au thème un peu éculé de la fin de l’innocence, Tea Lindeburg apporte un nouveau souffle.
La Dernière Nuit de Lise Broholm de Tea Lindeburg, UFO (1 h 26), sortie le 21 septembre
Image (c) UFO Distribution