Un coup d’œil à son compte Instagram – une incitation à aller voter à la primaire écolo y côtoie une déclaration d’amour à Edith Scob et un hommage à Christiane Taubira – suffira à faire comprendre que Juliette Binoche, 58 ans, n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Sa verve engagée a encore fait mouche au Festival du film de San Sebastián, où elle reçoit cette année le prix Donostia, en hommage à sa carrière.
À cette occasion, l’actrice s’est confiée sur la cruauté de monde du cinéma envers les actrices d’un certain âge, comme le rapporte Variety : « Vieillir devant la caméra est un défi, ça vous oblige à être sincère. » Juliette Binoche a poursuivi en dénonçant une industrie réticente à offrir des rôles diversifiés aux femmes qui évoluent en dehors des canons de beauté habituels, associés à la jeunesse : « Il faut savoir rejeter des rôles pour ne pas entrer dans un système où les femmes ne sont vues que d’une certaine manière. »
Une phrase qui fait écho à sa composition dans de – la réalisatrice était d’ailleurs à ses côtés pour présenter le film pendant le festival -, dans lequel elle incarne avec une noirceur confondante une femme prise en étau entre deux hommes (Vincent Lindon et Grégoire Colin).
« Dans le cinéma américain, il m’est parfois arrivé qu’on m’appelle pour être ‘la femme de’ et de dire ‘non’ parce que je ne suis pas intéressée » , poursuit l’actrice. Avant de rendre hommage à Jean-Luc Godard, décédé le 13 septembre dernier, avec qui elle a tourné Je vous salue, Marie en 1985 : « J’ai fait une série de castings avec lui qui ont duré très longtemps (…) Pour les répétitions, je devais être nue tout en me peignant les cheveux, et réciter un poème par cœur (…). J’ai senti en lui une sorte de contraste, de conflit, comme s’il cherchait quelque chose qu’il ne pouvait pas trouver. » Fidèle à ses grands écarts entre ciné d’auteur et films à gros budget, l’actrice sera prochainement au casting du film d’action américain Paradise Highway aux côtés de Morgan Freeman, mais aussi dans Le Lycéen de Christophe Honoré, en salles le 30 novembre prochain.
Image (c) Alberto Novelli