I.A. QUOI ? · Wes Anderson à l’épreuve des I.A.

L’édito de Julien Dupuy. Un curieux emballement autour de Wes Anderson est apparu sur les réseaux sociaux concurremment à la sortie d’« Asteroid City ». Tandis que des nuées de tiktokeurs singeaient les tropes du réalisateur de « The French Dispatch », plusieurs vidéastes exploitaient les générateurs d’images pour appliquer le style Anderson sur des franchises populaires, du MCU à « Harry Potter ».


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Star Wars by Wes Anderson, probablement la plus célèbre de ces déclinaisons, signée du vidéaste Curious Refuge, a cumulé plus de 2,8 millions de vues sur YouTube !

Outre le savoureux paradoxe de la situation (Anderson s’est toujours méfié des technologies numériques), cette capacité des I.A. à s’emparer de l’univers du cinéaste interroge. On peut évidemment s’en inquiéter et dénoncer une potentielle atteinte au droit d’auteur. Wes Anderson, lui-même, s’en est ému avec humour dans un entretien accordé au Washington Post : « Ce que j’aimerais, c’est avoir une sorte d’avocat de l’I.A. capable de mettre en place un algorithme afin que je sois payé pour chacune de ces choses. » On peut aussi embrasser ces démarches et en saluer les vertus.

Dans le meilleur des cas, ces déclinaisons sont de simples hommages à un style visuel si puissant qu’il inspire d’autres créateurs. La chose n’est pas neuve : combien de films amateurs ou d’humoristes ont copié, par le passé et avec plus ou moins de succès, les grands succès et les auteurs reconnus de leur époque ? Wes Anderson fut parodié bien avant l’émergence des générateurs d’images dans, par exemple, un sketch du SNL

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Si on estime que les parodies égalent ou supplantent les dernières créations d’Anderson, elles alertent sur les dérives d’un artiste qui glisserait vers l’autoparodie. Dans les deux cas, ces travaux offrent de nouveaux outils analytiques aux exégètes : elles mettent en exergue les tropes les plus évidents d’un artiste et, par comparaison aux originaux, soulignent ce qui rend leur travail unique.

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Sur les brisées du triomphe de son Star Wars by Wes Anderson, Curious Refuge a décliné sa trouvaille avec deux nouvelles variations similaires : une consacrée au Seigneur des Anneaux, la dernière à Avatar. Ce faisant, ce créateur a épuisé son propre concept : sa déclinaison « wesandersonisée » d’Avatar a péniblement dépassé les 300 000 vues. La preuve que, comme dans toute œuvre, l’inventivité et l’audace restent la clé d’une popularité pérenne.

+ En bonus, voici la toute première vidéo TikTok ayant parodié le style de Wes Anderson

@avawillyums

With a good imagination, everything is symmetrical. Let a girl day dream! #wesanderson

♬ Obituary – Alexandre Desplat

I.A. PLAYLIST

L’univers de l’un des fondateurs du funk, George Clinton, a lui aussi été transposé à la saga Star Wars dans cette galerie d’images très blaxploitation.

Cette page compile une série de portraits de grands cinéastes générés par I.A. et qui tentent de respecter le style de chacun, avec une réussite très variable.

Les memes les plus populaires du net ont été étendus et fusionnés par un artiste numérique.

I.A. QUOI ? · Fontaines de jouvence

I.ARTISTE

Basé dans la principauté d’Andorre, Juan Cruz explore de troublantes embrassades numériques, les Self-Lovers, à travers une série de photographies obtenues à l’aide de générateurs d’images. Il nous parle de sa démarche et des promesses de ces nouveaux outils.

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« En 2022, je me suis lancé dans mon premier projet d’I.A., « Coalesense ». Puis en 2023, ma fascination pour la photographie synthétique s’est accrue avec la série « Class of 2000 ». Je navigue à l’intersection du synthétique et de l’émotionnel. Il s’agit de brouiller les lignes entre ce qui est réel et ce qui est artificiel. 

De mon point de vue, l’I.A. est à la fois un pinceau et un catalyseur : elle sert de co-créateur en stimulant mon imagination. Elle m’offre la possibilité de créer des concepts qui pourraient dépasser le champ de l’imagination humaine. J’aborde mes œuvres avec une idée précise en tête, mais il y a un fort élément d’exploration qui entre en jeu. Je passe d’innombrables heures à générer des milliers de variations d’images : j’affine les résultats jusqu’à obtenir satisfaction. 

L’isolement des figures de mes photos propose une autre couche de paradoxe. Ces créations synthétiques, qu’elles soient seules ou par paires, semblent projeter un sentiment de nostalgie ou de résilience, invitant les spectateurs à s’interroger sur leurs propres perceptions de la solitude et de la connexion. Les paysages de mes photos évoquent le Sud-Ouest américain pour créer un jeu sur le familier et l’étrange : ce sont des environnements que nous reconnaissons, qui sont profondément ancrés dans notre conscience collective par le biais du cinéma et de la culture populaire. Mais, évidemment, ils ne sont pas réels, tout comme les personnages qui les habitent. Le voyage à venir est vaste et la perspective de voir l’I.A. créer des images animées est quelque chose qui résonne profondément en moi. »

L’Insta de Juan Cruz : @juancruzeth

I.A. la semaine prochaine !

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Image tirée de Class of 2000 de Juan Cruz

I.A. QUOI ? · Marvel contre l’humanité