#1 Buffy contre les vampires (1997-2003)
Qui n’a jamais joué à être Buffy, héroïne de Buffy contre les vampires campée par Sarah Michelle Gellar, pour déboîter ses potes qui jouent aux vampires dans la cour de récré ? Sortie à la fin des années 1990, la série est rapidement devenue un phénomène. Mais ce n’est pas seulement l’univers fantastique (big up aux monstres kitchs et aux effets spéciaux bien datés mais charmants) qui a su séduire les adolescents : Buffy était clairement l’héroïne la plus stylée de la télé. Au fil de ses 144 épisodes, elle affrontait, armée de son pieux lé-gen-daire, les démons et vampires (parfois assez hot, il faut bien l’avouer) afin de protéger l’humanité. À l’heure où le paysage télévisuel pour les adolescentes se résumait aux rediffs de La Petite Maison dans la Prairie et Une nounou d’enfer, ça faisait un sacré changement.
En plus d’être forte, active, Buffy luttait pour son indépendance (grosses scènes d’engueulades avec les parents à prévoir), tout en étant en proie aux doutes face à ses responsabilités. Une de ses copines, Willow, devra quand à elle faire face aux moqueries pour assumer son homosexualité (elle devient l’un des premiers personnages lesbiens dans les séries pour ado).
Fun fact : avez-vous remarqué… Pedro Pascal ? Avant de briller dans Game of Thrones et surtout dansThe Last of Us, Pedro Pascal a fait une apparition dans le premier épisode de la saison 4 de Buffy contre les vampires (1999). Il y incarne un étudiant perdu lors de son premier jour à l’université qui finira par se transformer en vampire… Sur son compte Insta, Sarah Michelle Gellar a reposté une photo de cet épisode :
(c) compte Instagram de Sarah Michelle Gellar
Série dispo sur Disney +.
FAN ZONE · Marion Olité : « « Buffy » a sauvé beaucoup d’ados »
#2 Daria (1997-2002)
À l’heure où les garçons regardaient Batman, Spider-man, Tintin et où les filles n’avaient pas d’autres choix que de mater Les Malheurs de Sophie, elle est apparue comme par miracle . Avec ses personnages féminins tout sauf conventionnels, la série animée Daria (qui a déboulé sur MTV), a été créée par Susie Lewis Lynn et Glenn Eichler.
Bien loin des niaiseries habituelles, elle parle sans détour et sous un enrobage mordant des tourments qui assaillent les jeunes ados. Son personnage principal, Daria Morgendorffer, est une lycéenne à l’humour sarcastique, au ton blasé et aux lunettes rondes, piétinant avec ses Doc Martens l’autorité et le patriarcat avec Jane, sa meilleure amie punk et artiste – dans une mise en abyme délicieuse, les deux amies se plaisent à mater à la télé une émission de reportages pourris intituée Sick Sad World (« Triste monde tragique »). Très intelligente et cultivée, Daria ne manque pas de répartie lorsqu’il s’agit de clasher ses camarades de classe ou sa sœur qui, à l’inverse, correspond à l’archétype de la jeune fille parfaite, avec son look de pom pom girl.
En présentant le show, les créateurs ont direct donné le ton : cette série a été « écrite par d’anciens tocards du collège, victimes désignées pour toutes les mauvaises blagues, ayant désormais l’opportunité de se venger de leurs anciens persécuteurs».
Dispo sur molotov.tv.
#3 Ally McBeal (1997-2002)
Et voici le dernier banger que l’année 1997 nous réservait : Ally McBeal. On y suit les aventures (et déboires sentimentaux) d’une avocate d’un cabinet huppé de Boston. Toujours habillée de manière ultra-classe et dotée d’un humour décapant qui lui permet de s’affirmer dans son équipe principalement masculine, Ally, sorte d’héritière moderne d’Audrey Hepburn, a incarné une forme de maladresse féminine ultra jouissive (et rassurante), tout en prenant le lead dans un environnement professionnel bien machiste. Cette nouvelle vision a propulsé la série en haut du box office et lui a permis de gagner une flopée de Golden Globes et de Emmy Awards. Après ça, on a tous voulu entamer des études de droit avant de déchanter face à la masse de cours – n’est pas Ally qui veut !
Fun fact : avez-vous remarqué… Robert Downey Junior ? L’acteur qui vient de gagner un Oscar pour son incroyable performance dans Oppenheimer de Christopher Nolan, faisait partie du cast de la quatrième saison d’Ally McBeal. Il y incarne Larry Paul, l’amoureux de l’héroïne. Malheureusement – alors que les personnages devaient se marier en fin de saison -, l’acteur s’est fait arrêter pour usage de stupéfiants et a donc été contraint de quitter la série.
#4 Girls (2012-2017)
On fait un petit saut dans le temps pour atterrir dans les années 2010 – décennie bénie où Girls est née. Créée par Lena Dunham (qui était également à la tête du journal féministe Lenny Letter jusqu’à sa fermeture en 2018), cette série aux apparences de sitcom a été pensée comme une réponse à Sex and the City, en version plus réaliste et désabusée (en somme, c’est le Greenpoint de Brooklyn contre l’Upper East Side de Manhattan). Seul point commun : on y suit un groupe d’amies. Mais ici, la diversité de corps et d’expériences (qu’elles soient amicales, sexuelles ou professionnelles) tend pour la première fois un miroir ni enjolivant, ni grossier à la jeunesse féminine américaine, entre galères de thune, soirées bien imbibées et drames profonds. Notons qu’elle a révélé Adam Driver, mec puis ex de l’héroïne, perché et un peu flippant par moments, mais complètement fascinant.
Dispo sur sur Amazon Prime (via le pass Warner).
#5 Orange Is the New Black (2013-2019)
Si vous cherchez un groupe de meufs archi badass, vous êtes au bon endroit. La série Orange Is the New Black, véritable phénomène dès sa sortie en 2013, suit l’histoire de Piper Chapman, une trentenaire qui vient d’être incarcérée pour avoir transporté de l’argent issu d’un trafic de drogues. En prison, elle doit alors se faire aux personnalités plus que survoltées de ses codétenues. À l’aide son casting à 90% féminin (ce qui est déjà une nouveauté en soi), la série s’empare de thématiques qui n’avaient que peu atteint le petit écran : le racisme, l’homosexualité féminine et la transidentité.
Dans Orange Is the New Black, les personnages féminins ne sont pas là pour être de jolies choses qui entourent le héros, ou des âmes au grand cœur qui parsèment le scénario de leur tendre présence. Les protagonistes sont complexes, parfois cruelles (comme en témoigne le personnage de Vee dans la saison 2) – à juste égalité avec les héros de série masculin.
Fun fact : avez-vous remarqué…Nabilla ? Dans une vidéo bonus parue au moment de la sortie de la saison 5, on peut voir la star de télé-réalité Nabilla se prendre le chou avec trois prisonnières. La raison : la fameuse phrase “Allo, t’as pas de shampoing ?”, évidemment. C’est bête mais c’est drôle.
Dispo sur Netflix.
#6 Fleabag (2016-2019)
Fleabag a trente ans, elle vit à Londres, elle est endettée jusqu’au cou et sa meilleure amie vient de mourir dans un accident. Ce qui pose les bases d’un drame devient une comédie sociale hyper cathartique, sous la plume acérée de la géniale Phoebe Waller-Bridge. Elle y dépeint avec humour le quotidien de cette femme – voleuse, menteuse mais avec un grand cœur – qui partage sa vie entre le sexe, les relations d’amour ratées, l’alcool, et une famille légèrement odieuse (vous découvrirez une affreuse belle mère, rôle qui va comme un gant à Olivia Colman). Si ce genre de scénario n’est pas sans rappeler quelques sitcoms ou même Girls, Fleabag comporte une originalité : le personnage principal n’a pas une bonne bande copines sur laquelle s’appuyer et il ne lui reste que nous, pour entendre ses pensées (bien tordues mais ô combien parlantes) et doutes face caméra. Perdue dans la solitude d’une grande ville, elle entame un long chemin pour se lier aux autres (et notamment à un hot priest campé dans la saison 2 par Andrew Scott).
Dispo sur Amazon Prime.
Phoebe Waller-Bridge n’est pas contre une saison 3 de « Fleabag »…mais pas tout de suite
#7 Insecure (2016-2021)
Dans notre top, Insecure est la première série à avoir pour personnages principaux des femmes afro-américaines, dont les récits ont été beaucoup trop invisibilisés par la télé. Conçue par la génialissime Issa Rae (que vous avez peut-être vue récemment dans Barbie), qui campe une héroïne impériale, stylée, portant le même prénom qu’elle, on y suit les aventures de deux meilleures amies, en proie aux doutes quant à leurs vies professionnelles et sentimentales à l’aube de la trentaine.
Entre de mémorables scènes de rap en solo face au miroir et des dialogues drôles, fins, ciselés, la série dépeint leur quotidien sans verser dans le cliché. Audacieuse, politique, Insecure a aussi participé à changer l’imaginaire qui entoure les quartiers sud de Los Angeles (endroit où se situe la série), lieux catégorisés comme dangereux, tout en captant avec intelligence des traits de la modernité (la gentrification, le plafond de verre, qui rend difficile l’accès au travail pour les femmes, surtout afro-américaines), dans une mise en scène ultra dynamique.
Dispo sur Amazon Prime.
#8 Big Little Lies (2017-2019)
Mais quel casting de dingue ! Laura Dern, Meryl Streep, Shailene Woodley, Reese Witherspoon, Nicole Kidman – rien que l’affiche donne le vertige. Et ce n’est pas fini car le scénario vaut également le détour : trois mères voient leurs vies basculer quand un meurtre est commis lors d’une soirée caritative organisée à l’école de leurs enfants. Si tous les éléments du thriller sont réunis, l’intérêt – et l’originalité de la série – ne réside pas uniquement dans l’enquête policière.
Au fil des épisodes, à l’aide de flashbacks, le passé et l’intimité de ces femmes en apparence parfaites se dévoilent pour aborder des problématiques sociétales plus vastes telles que les violences sexuelles et conjugales. Cette utilisation ingénieuse du genre policier (qui ne réduit pas la femme à une victime ou à une vile manipulatrice alliée au malfaiteur) est signée David E. Kelley qui n’est rien d’autre le créateur d’Ally McBeal (on l’aime, lui), et réalisé par le regretté Jean-Marc Vallée (Wild, The Dallas Buyers Club).
Dispo sur Amazon Prime (via le pass Warner)
À écouter : la B.O mélancolique (et vénère) de « Big Little Lies »
#9 Killing Eve (2018-2022)
C’est certainement la série la plus barge de la dernière décennie. Adaptée des romans Codename Villanelle par Phoebe Waller-Bridge (qui d’autre pour faire un truc pareil?), le scénario raconte l’histoire d’Eve Polastri (incarnée par Sandra Oh), une agent de MI-5 chargée de coincer une tueuse à gage psychopathe du nom de Villanelle (incroyable Jodie Comer). Mais ce jeu du chat et de la souris va prendre une tournure imprévue lorsque la criminelle s’éprend de celle qui la pourchasse.
Rythmée, incroyablement réussie esthétiquement (on envie les costumes ultra colorés de Villanelle) en plus d’être drôle, cette série aux apparences policières vire au fil des saisons (4 en tout) à la romance lesbienne sans pour autant perdre son panache. Avec ses scènes de bagarre où le sang coule à flot, Killing Eve dépeint sans détour une violence féminine rarement vue à l’écran et sort ses personnages des schémas hétérocentrés. Tout à la fois héroïnes et méchantes, ces héroïnes n’ont pas besoin d’hommes pour raconter cette histoire.
Dispo sur Canal+.
#10 I May Destroy You (2020)
Après la série comique Chewing Gum (2015-2016), la scénariste et réalisatrice anglaise Michaela Coel a marqué les esprits avec l’impressionnante et hypnotisante I May Destroy You. Elle y raconte l’histoire d’Arabella (qu’elle campe), une jeune auteure à succès qui, au lendemain d’une soirée arrosée, se souvient avoir été violée sans pouvoir identifier l’auteur des faits. S’ensuivent plusieurs tentatives pour se reconstruire avec l’aide de ses amis.
Si ce scénario est en partie inspiré de la vie de la réalisatrice, il n’en est pas moins universel, en proposant des réflexions sur le consentement, l’impact des traumatismes sur le quotidien et surtout sur le pouvoir salvateur de l’amitié (qui permet de donner une teinte plus douce à cette série qui peut s’avérer brutale). Dans cette plongée pour reconstituer la mémoire traumatisée et parcellaire, Michaela Coel réussit cette prouesse d’injecter de la légèreté et un humour qui fait mouche. Douze épisodes qui ont fait date.
Dispo sur Amazon Prime (via le pass Warner)
« I May Destroy You », l’étourdissante série de Michaela Coel