« HLM Pussy » de Nora El Hourch : gang de filles

[Critique] Féministe et bien ancré dans l’air du temps, le premier film de la cinéaste franco-marocaine Nora El Hourch, constellé de touches fantastiques et porté par une distribution réjouissante, suit trois collégiennes prises au piège des réseaux sociaux.


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Oubliez le bon, la brute et le truand. Voici « la nonne, la brute et la tarée ». C’est comme ça qu’Amina, Djeneba et Zineb (incarnées respectivement par Léah Aubert, Médina Diarra et Salma Takaline) sont surnommées par une de leurs camarades de classe. Elles ont 15 ans, préparent leur entrée au lycée dans leur collège de banlieue, ont du bagout. Leur amitié est mise à rude épreuve lorsque fuite une vidéo dénonçant l’agresseur de l’une d’entre elles…

S’il ne sort pas complètement des schémas que le cinéma français plaque sur la banlieue, le premier long de la cinéaste Nora El Hourch figure de manière inventive, à coup de métaphores, le fléau du sexisme et du cyberharcèlement – il met par exemple en images un proverbe arabe à propos d’une fourmi qui veut se faire discrète, mais n’échappe pas au regard divin ; transforme un portable vibrant à l’arrivée de messages massifs sur WhatsApp en créature qui rampe au sol et se rapproche, alors qu’on tente de l’éloigner…

Le film va aussi plus loin en creusant le vécu de l’entourage familial, en soulignant les traumatismes transgénérationnels et en racontant combien il est difficile de se sortir du déterminisme social. Difficile, mais pas impossible : à l’arrivée, le récit est bien celui d’une émancipation.

HLM Pussy de Nora El Hourch, Paname (1 h 40), sortie le 6 mars.