« Holly » de Fien Troch : une brillante œuvre postmoderne

[Critique] La cinéaste flamande Fien Troch (« Home », 2017) propose un conte postmoderne et contemporain dans lequel les images religieuses, cinématographiques et sociétales se bousculent pour raconter, avec acuité, notre époque en quête de sens. Fulgurant.


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Zooms lents. Décadrages permanents. Musique éthérée. Tout dans la mise en scène du film de Fien Troch inquiète, dérange, perturbe. Un peu comme son héroïne, la Holly du titre. Précaire, solitaire, harcelée par ses camarades, cette adolescente est soupçonnée par l’une de ses professeurs de posséder un don unique, fantastique : elle saurait prophétiser et soulager la peine des autres. Fantasme ou réalité ? En fait, peu importe. Passant du statut de victime désignée à celui de sainte protectrice des âmes en peine, la jeune femme n’est dans tous les cas que le réceptacle des desiderata des autres. Un corps sacrificiel et sacrifié par une société en quête désespérée de miracles.

En convoquant aussi bien la Carrie de Brian De Palma que la Thelma de Joachim Trier, l’iconographie pieuse de la sainteté que la trivialité des réseaux sociaux, l’imaginaire des super-héros que le naturalisme d’un cinéma social à la Dardenne, la réalisatrice signe une brillante œuvre postmoderne ayant tout saisi de son temps : une époque désenchantée prête à tout pour s’offrir un minimum d’attention et de merveilleux, quitte à broyer sur sa route égoïste une innocente martyre expiatoire.

Holly de Fien Troch, New Story (1 h 42), sortie le 6 mars.