« Mission Impossible : Dead Reckoning, Partie 1 » de Christopher McQuarrie : au cœur des ténèbres

Septième film de la saga d’espionnage portée par Tom Cruise et premier volet d’un ambitieux diptyque, ce spectacle dantesque séduit par son intrigue haletante tout en propulsant l’action au cœur de questions contemporaines.


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Saga hollywoodienne initiée il y a déjà 30 ans (le premier film, réalisé par Brian De Palma, est sorti en 1996), Mission Impossible court logiquement le risque de se répéter, et la franchise restait d’ailleurs sur un volet au scénario quelque peu désordonné (Fallout et ses séquences d’action en plein Paris). Pour s’assurer d’une immersion narrative plus conséquente, le producteur/acteur Tom Cruise et le réalisateur/scénariste Christopher McQuarrie (aux commandes de la saga depuis le cinquième volet Rogue Nation, sorti en 2015) ont fait franchir aux aventures d’Ethan Hunt un nouveau cap en mettant en place un diptyque qui étalera le récit sur deux films (Dead Reckoning Partie 2 est prévu pour l’été 2024). Et cette approche semble avoir inspiré le duo, puisque ce premier volet déploie une intrigue particulièrement trépidante, qui démarre par une prodigieuse entrée en matière pleine de faux-semblants et de doubles-fonds fantomatiques.

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Durant 2h40, il sera question d’une nouvelle arme ultra contemporaine et d’un ennemi plus actuel que jamais qui n’est pas étranger au développement vertigineux ces dernières années de l’intelligence artificielle. Se demandant d’emblée si les guerres du futur ne seront pas encore plus destructrices dans un monde en proie aux crises énergétiques, le scénario pose l’hypothèse cauchemardesque d’une géopolitique qui serait confrontée à une entité artificielle ne répondant qu’à ses propres désirs. Face à ce tableau apocalyptique qui dessine une menace pour l’aspect artisanal et humain de l’espionnage pratiqué par Ethan Hunt et son équipe de Mission Impossible, le film a la bonne idée de convoquer des éléments originels de la saga qui permettent de mieux mesurer ce que représentent ces nouveaux dangers des années 2020. Faisant notamment revenir le personnage d’Eugene Kittridge (Henry Czerny), employé gouvernemental qui n’avait plus été vu depuis le premier volet, la paire Cruise/MCQuarrie dresse un bilan du chemin parcouru depuis trente années par Ethan Hunt et joint à l’exploration de thématiques présentes un passé personnel qui englobe l’intégralité de la saga.

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Avec ses séquences d’action époustouflantes, son casting en état de grâce (où l’on saluera les quatre actrices que sont Rebecca Ferguson, Vanessa Kirby, Hayley Atwell et Pom Klementieff, jouant toutes des partitions variées) et sa mise en scène hautement soignée qui fait ressortir de chaque lieu (entre Abu Dhabi, Rome ou la nature norvégienne) une atmosphère fascinante, ce septième volet s’impose comme une réussite majeure. Retrouvant aussi au cœur de la ville de Venise les accents labyrinthiques que l’on trouvait à Prague dans le premier film, Dead Reckoning Partie 1 touche au conte gothique et réussit à faire surgir par moments une franche émotion. Nous faisant également l’honneur de ne pas s’arrêter sur un cliffhanger frustrant, ce blockbuster de haute volée redonne toutes ses lettres de noblesse au concept de divertissement hollywoodien.